Étude des effets respiratoires de la stimulation trans-spinale en courant continu comme approche non invasive dans le contexte des syndromes d’hypoventilation centrale
Auteur / Autrice : | Roman Delucenay-Clarke |
Direction : | Laurence Bodineau, Florence Cayetanot |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie moléculaire et cellulaire |
Date : | Soutenance le 19/10/2023 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Physiologie, Physiopathologie et Thérapeutique (Paris ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Neurophysiologie respiratoire expérimentale et clinique (Paris ; 2014-....) |
Jury : | Président / Présidente : Patricia Serradas |
Examinateurs / Examinatrices : Julie Peyronnet-Roux | |
Rapporteur / Rapporteuse : Jean-Charles Viemari, Nicolas Voituron |
Résumé
Les syndromes d’hypoventilation centrale (CHS) sont des affectations neurorespiratoires qui peuvent être d’origine acquise ou génétique. Ils sont caractérisés par une instabilité ventilatoire et la réduction voire l’absence de la chémosensibilité au CO2/H+ du fait d’un dysfonctionnement du réseau neuronal respiratoire. Aucun traitement curatif n’existe à ce jour. C’est dans ce contexte que la stimulation en courant continu (DCS), un outil thérapeutique non-invasif basé sur l’application d’un courant continu de faible intensité, pourrait être une perspective intéressante. En effet, des données obtenues au sein de l’UMR_S1158 sur des sujets sains ont mis en évidence qu’appliquée en regard des segments C3-C5 de la moelle épinière cervicale (tsDCS pour trans-spinal DCS), la tsDCS cathodale augmente les variables ventilatoires. Avant d’envisager d’appliquer de telles stimulations à des patients CHS pour corriger ou réduire leur hypoventilation, il est nécessaire de valider son intérêt thérapeutique et de décrypter les mécanismes d’action sur des modèles précliniques de CHS. Ce travail doctoral avait pour objectifs : 1/de transposer à la souris l’approche de tsDCS cervicale cathodale développée chez l’humain ; 2/de déterminer si la tsDCS cathodale appliquée au niveau cervical stimulait la ventilation de souris modélisant le syndrome d’hypoventilation associée à l’obésité (souris LepObOb) et le syndrome d’hypoventilation centrale congénitale ou syndrome d’Ondine (souris Egr2cre/+ ; Phox2b27Ala/+) ; 3/de déterminer les mécanismes mis en jeu par la tsDCS cathodale cervicale ayant conduit à une éventuelle amélioration de la ventilation. Ces différents éléments ont été explorés à l’aide de diverses approches expérimentales, l’enregistrement des variables ventilatoires par pléthysmographie corps entier, la mesure de la saturation en dioxygène de l'hémoglobine par oxymétrie de pouls (SpO2), le séquençage des ARN au sein des régions encéphaliques comprenant le réseau neuronal respiratoire et la détection immunohistochimique de marqueurs fonctionnel et phénotypique au sein des régions ponto-bulbaires. Nous avons transposé l’approche de tsDCS cervicale mise au point chez l’humain à la souris et l’avons appliquée durant 5 jours consécutifs (travail mené sur des souris WT OF1). La comparaison de souris OF1 tsDCS et de souris sham (subissant les mêmes procédures à l’exception de la délivrance du courant électrique) a mis en évidence que celle-ci stimulait la ventilation par un effet au niveau de la fréquence respiratoire et du volume courant. Nous avons ensuite appliqué la procédure mise au point chez les souris OF1 aux souris LepOb/Ob et aux souris Egr2cre/+ ; Phox2b27Ala/+. Les données obtenues chez les souris LepOb/Ob ont mis en évidence que la tsDCS cathodale cervicale stimulait leur ventilation par un effet principalement porté par une augmentation de la fréquence respiratoire et réduisait le temps passé en hypoventilation (SpO2 ≤ 95%). Ces observations physiologiques étaient accompagnées d’une différence d’expression génique au niveau du bulbe rachidien suggérant un impact de la tsDCS d’une part au niveau axonal/terminaison présynaptique et d’autre part au niveau des systèmes catécholaminergiques. Chez les souris Egr2cre/+ ; Phox2b27Ala/+, les données obtenues, qui restent encore préliminaires et doivent être complétées, ne montrent pas de modification de la ventilation spontanée et peu de modification de la ventilation lors d’une l’hypercapnie modérée (4% CO2). Ainsi, la tsDCS cathodale cervicale semble être une approche pertinente pour stimuler la ventilation dans le cadre du contexte physiopathologique du syndrome d’hypoventilation associé à l’obésité. Cette stimulation semble dépendre de la mise en place de phénomènes de neuroplasticité au sein du réseau neuronal respiratoire.