Thèse soutenue

Modélisation, visualisation et quantification de la dynamique d'extrusion de boucle de chromatine en cellules humaines vivantes

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Auteur / Autrice : Thomas Sabaté
Direction : Christophe ZimmerÉdouard Bertrand
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Génétique et génomique
Date : Soutenance le 12/09/2023
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Complexité du vivant (Paris ; 2009-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Biologie computationnelle et quantitative (Paris ; 2011-....)
Jury : Président / Présidente : Gaëlle Legube
Examinateurs / Examinatrices : Antoine Coulon, Mario Nicodemi
Rapporteurs / Rapporteuses : Wendy Bickmore, Evi Soutoglou

Résumé

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L’étude de l’organisation 3D du génome a révélé l’existence de boucles de chromatine et des Topologically Associating Domains (TADs) de l’ordre de plusieurs centaines de kilobases, créés par l’anneau de cohésine par le processus d’extrusion de boucle d’ADN. Cependant, ces structures ont été caractérisées presque exclusivement par des techniques de génomique et d’imagerie de cellules fixées, leur dynamique temporelle reste donc peu comprise. Par exemple, la durée des contacts créés par extrusion de boucles n’est pas définie et des paramètres majeurs de ce processus comme la durée de vie des contacts ancre-ancre et la vitesse d’extrusion in vivo sont toujours inconnus. Pour répondre à cette lacune, j’ai quantifié la dynamique de l’extrusion de boucle cohésine-dépendante en visualisant et suivant dans le temps plusieurs paires d’ancres de boucles dans des cellules humaines vivantes. Il est attendu que l’extrusion de boucle soit identifiée par une diminution progressive de la distance ancre-ancre. Cependant, cette signature est occultée par la dynamique stochastique de la chromatine, les ancres de boucles pouvant entrer en contact même sans extrusion. De plus, mesurer la distance ancre-ancre à partir d’images fluorescentes est rendu difficile par plusieurs sources d’erreurs comme les erreurs aléatoires liées à la localisation de points fluorescents. Pour estimer les conditions expérimentales qui permettent de détecter et quantifier l’extrusion de boucles malgré ces complications, j’ai utilisé des simulations de polymères et modélisé le processus d’extrusion de boucle in silico. De plus, j’ai testé et validé de nouvelles méthodes d’analyse pour quantifier les boucles de chromatine à partir d’images statiques (e. g. à partir d’images d’ancres de boucles acquises par DNA FISH), estimer la fraction, fréquence et durée de vie des contacts ancre-ancre, ainsi qu’estimer la vitesse d’extrusion effective in vivo à partir d’images dynamiques. En se basant sur les résultats des simulations de polymères, j’ai taggué par fluorescence de multiples ancres de boucles et TADs dans des cellules vivantes par le système CRISPR/Cas9. Nous avons conclu que les contacts entre les ancres étaient peu fréquents et de courte durée, par rapport à la durée du cycle cellulaire. Cependant, les boucles sont presque constamment soumises à l’extrusion par la cohésine. En comparant les résultats de modélisation et les expériences, nous avons pu estimer des paramètres biophysiques généraux de la dynamique d’extrusion de boucles. Ces résultats suggèrent que l’extrusion de boucles de chromatine cohésine-dépendante est un processus hautement dynamique, qui crée des interactions à longue portée transitoires plutôt que des contacts stables. Mes résultats aideront à comprendre quantitativement des processus biologiques fondamentaux qui utilisent les contacts transitoires mais à longue distance créés par l’extrusion de boucles, comme la réparation de l’ADN et la régulation de l’expression des gènes.