Mécanismes contrôlant la colonisation microgliale du cerveau antérieur
Auteur / Autrice : | Cécile Bridlance |
Direction : | Sonia Garel, Morgane Thion |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Neurosciences |
Date : | Soutenance le 22/06/2023 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Complexité du vivant (Paris ; 2009-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut de biologie de l'École normale supérieure (Paris ; 2010-....) |
Jury : | Président / Présidente : Sophie Layé |
Examinateurs / Examinatrices : Anne Desmazières, Mélanie Greter | |
Rapporteur / Rapporteuse : Sophie Layé, Rosa Paolicelli |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Les microglies, les macrophages résidents du cerveau, jouent un rôle essentiel dans le développement, le fonctionnement et l'homéostasie cérébrale. Issues de progéniteurs érythromyéloïdes du sac vitellin, elles colonisent le système nerveux central au début de l'embryogenèse, où elles prolifèrent ensuite, se répartissent et puis s'autorenouvellent tout au long de la vie. La voie de signalisation du récepteur CSF-1 (CSF-1R) est essentielle pour la survie et la prolifération des microglies, et ses deux ligands, les cytokines CSF-1 et IL-34, sont produites par l’environnement neural. Au cours du développement, outre une remarquable hétérogénéité cellulaire et transcriptionnelle des microglies, leur distribution dans le cerveau suit un schéma spatio-temporel stéréotypé. Par exemple, des microglies d’un sous-type particulier, appelées microglies associées à des faisceaux d’axones (ATM), forment des hotspots transitoires - une caractéristique conservée à travers espèces. Ces spécificités de colonisation et l’hétérogénéité microgliale ont été associées à des fonctions développementales des microglies. Néanmoins, leur régulation ainsi que la contribution des neurones et d’autres sources de CSF-1, restent encore largement inexplorées. Nous avons effectué une analyse détaillée de la prolifération et distribution des microglies dans le cerveau antérieur murin, et étudié comment cela pouvait être régulée par l'environnement neural, soit par l'activité neuronale ou l’expression de CSF-1. Nous avons mis en évidence deux vagues de prolifération microgliale : une première phase globale et intense pendant l’embryogenèse, et une seconde phase postnatale plus hétérogène. De plus, nous avons montré que les microglies des points d’accumulation sont particulièrement prolifératives. En utilisant l'imagerie à deux photons sur des tranches aiguës de cerveau, nous avons confirmé une prolifération et redistribution locale, mais n'avons trouvé aucune preuve de migration à longue distance. Dans l'ensemble, nos résultats indiquent que la prolifération est un moteur important de la colonisation microgliale et contribue à son schéma hétérogène. En nous concentrant sur le cortex cérébral, nous avons d'abord testé le rôle de l'activité neuronale, connue pour être surveillée par les microglies, lorsqu’elle émerge, pendant la seconde vague de prolifération. Nous avons constaté que différentes perturbations de l'activité neuronale n'avaient pas d’effet fort sur le nombre et la distribution des microglies. Ensuite, nous avons examiné les rôles de CSF-1 grâce à des inactivation conditionnelles dans des populations neurales spécifiques. Nous avons montré que CSF-1 issu des progéniteurs et neurones était essentiel pour la colonisation microgliale embryonnaire : son inactivation dans le cortex entraine une déplétion drastique des microglies dans l’embryogenèse, sans affecter les macrophages des méninges. Plus précisément, CSF-1 a une action dose-dépendante, extrêmement locale et transitoire. En parallèle, nous avons montré que les ATM des hotspots exprimaient Csf-1. Grâce à des mutants conditionnels, nous avons révélé que la production autocrine de CSF-1 contribuait à la prolifération soutenue des ATM, mettant en évidence une contribution duale du CSF-1 neural et CSF-1 microglial dans la régulation de leur distribution au cours du développement. De plus, j’ai participé à la description d’une nouvelle fonction microgliale, associée aux ATM, assurant le maintien de l’intégrité tissulaire au hotspots embryonnaire. De façon plus large, notre étude met en lumière la façon dont les microglies prolifèrent et se distribuent dans le cerveau, ainsi que leur dépendance focale au CSF-1. De plus, notre mutant conditionnel dans le cortex fournit un modèle novateur pour étudier les rôles locaux et spécifiques des microglies pendant le développement prénatal et ouvre la voie à une analyse plus approfondie des contributions relatives des ligands de CSF-1R.