Thèse soutenue

Contrôle neurologique de la maintenance d'un axe droit : comment des défauts ciliaires conduisent à l'émergence de la scoliose idiopathique ?

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Auteur / Autrice : Morgane Djebar
Direction : Christine Vesque
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie cellulaire et développement
Date : Soutenance le 26/06/2023
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Complexité du vivant (Paris ; 2009-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de biologie du développement (Paris ; 1997-....)
Jury : Président / Présidente : Jean-Pierre Levraud
Examinateurs / Examinatrices : Ruxandra Bachmann-Gagescu, Coralie Fassier
Rapporteurs / Rapporteuses : Nathalie Jurisch-Yaksi, Alexandre Benmerah

Résumé

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La scoliose idiopathique (SI) est une déformation tridimensionnelle de la colonne vertébrale très répandue qui touche 3 à 4 % de la population en l'absence d'anomalies congénitales évidentes, et dont l'étiologie est mal comprise. Des études génétiques récentes chez le poisson zèbre ont montré que la perte de la fibre de Reissner (FR), un polymère protéique de sco-spondine sécrété par l'organe sous-commissural (SCO) et présent le long des cavités du système nerveux central, déclenche une scoliose chez les juvéniles (correspondant à "l'adolescence"). L'altération de la motilité des cils dans les embryons, nécessaire à la polymérisation du RF, entraîne également des défauts de courbure de l'axe, en corrélation avec une diminution de l'expression du gène du neuropeptide urp2 chez les mutants sco-spondine. Il n'est pas encore déterminé si ce scénario, où un défaut de circulation du LCR entraînant la perte du FR et une diminution de la signalisation de l'URP s'applique à d'autres mutants de poisson-zèbre qui n'altèrent pas directement la motilité des cils ou s'il peut être pertinent pour la SI humaine. Deux études ont également mis en évidence l'existence d'une signature neuro-inflammatoire, en aval de la perte du FR, qui contribue à la sévérité et à la pénétrance de la scoliose. Nous avons généré un mutant de poisson zèbre pour rpgrip1l, un gène codant pour une protéine de la zone de transition ciliaire, qui ne présente aucune anomalie embryonnaire et développe une scoliose avec une pénétrance presque complète chez les juvéniles. Le but de ma thèse était de déterminer la cascade d'événements menant à la scoliose chez les rpgrip1l-/-. Nous avons tiré profit du développement asynchrone de la scoliose chez rpgrip1l-/- pour montrer que les mutants droits présentent déjà des défauts ciliaires au niveau du tronc avec une augmentation du nombre de cellules immunitaires dans le cerveau et une augmentation du niveau d'expression d'urp1 et d'urp2. A l'apparition de la scoliose, les mutants rpgrip1l-/- perdent la FR et les touffes multi-ciliées proches du SCO. La réintroduction de RPGRIP1L dans les cellules ciliées motiles et les cellules progénitrices grâce à une transgénèse tissu-spécifique prévient l'apparition de la scoliose. En réduisant le niveau d'URP chez les rpgrip1l-/- par des croisements génétiques, nous avons démontré que l'altération de la signalisation URP ne contribue pas à la scoliose chez rpgrip1l-/-. De plus, un traitement anti-inflammatoire/anti-oxydant à long terme a réduit la sévérité et la pénétrance de la scoliose de 50%, suggérant que ces processus sont impliqués dans l'apparition et l'évolution de la scoliose chez rpgrip1l-/-. Enfin, grâce à une analyse protéomique et à des immuno-marquages, nous avons mis en évidence une astrogliose au sein du SCO et du ventricule rhombencéphalique qui se développe de manière asynchrone chez les mutants droits rpgrip1l-/- et qui persiste chez les mutants scoliotiques. Nous proposons que l'astrogliose au niveau du SCO associée au recrutement de cellules inflammatoires induisent localement la perte de touffes multi-ciliées, altérant la polymérisation du FR et conduisant finalement à la scoliose. Nous espérons que cette étude permettra de mieux comprendre les défauts moléculaires et cellulaires à l'origine de l'IS chez le poisson zèbre et qu'elle mettra en évidence l'astrogliose cérébrale en tant que défaut potentiel à l'origine de la SI chez l'homme.