Étude des mécanismes pathogéniques dépendants des microtubules dans les progéniteurs neuronaux conduisant aux malformations corticales
Auteur / Autrice : | Donia Zaidi |
Direction : | Fiona Francis |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie cellulaire et développement |
Date : | Soutenance le 12/05/2023 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Complexité du vivant (Paris ; 2009-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut du Fer à Moulin (Paris ; 2007-....) |
Jury : | Président / Présidente : Nathalie Spassky |
Examinateurs / Examinatrices : Alexandre Baffet, Alexandre Benmerah | |
Rapporteur / Rapporteuse : Emilie Pacary, Frédéric Causeret |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Les cellules de glie radiaire apicale (RG) sont des cellules clés du développement cortical, capables d'auto-renouvellement ou de génération neuronale, possédant un noyau restreint à la zone ventriculaire (VZ) qui migre en fonction des phases du cycle cellulaire via un phénomène nommé migration nucléaire intercinétique (MNI). Les RG ont une forme bipolaire, avec un long processus basal soutenant la migration neuronale et un court processus apical faisant face au ventricule où un cil primaire (PC), ancré à un centrosome modifié (‘corps basal’), émerge et sert de plateforme de signalisation. Des mutations génétiques peuvent altérer le fonctionnement des RG, affectant le développement cortical et conduisant à des malformations corticales. Ces malformations sont associées chez les patients à de l’épilepsie et à des déficiences intellectuelles. Il est donc important de déterminer comment les processus moléculaires et cellulaires mis en jeu au niveau des RG peuvent être perturbés par des mutations génétiques. Mon travail de thèse a porté sur l’étude de deux gènes mutés conduisant à deux malformations corticales rares. Tout d’abord, le gène codant pour la chaine lourde de la protéine motrice dynéine (DYNC1H1) a été retrouvé muté chez des patients présentant une malformation corticale complexe avec une microcéphalie (petit cerveau) et une dysgyrie (défauts de gyrifications). Lors de mon travail de thèse, j’ai étudié les RG à la mi-corticogenèse dans un modèle murin Knock-In (KI) pour ce gène, reproduisant une mutation faux sens retrouvée chez un patient, en le comparant avec un modèle murin muté pour ce même gène mais conduisant à des neuropathies périphériques. Nous avons découvert des anomalies de MNI, de cycle cellulaire et de migration neuronale. Également, des défauts d’organelles tels que les mitochondries et l’appareil de Golgi ont été identifiés dans les RG, et sont spécifiques à la mutation faux-sens conduisant à la malformation corticale. Deuxièmement, l'hétérotopie sous-corticale (SH) est une malformation caractérisée par la présence anormale de neurones dans la substance blanche. Le gène codant pour EML1 (Echinoderm microtubule associated protein like 1) a été retrouvé muté chez certains patients SH. Lorsqu’Eml1 est muté chez la souris, une proportion de RG se retrouvent en dehors de la VZ, suggérant qu’elles se détachent coté apical. Au niveau apical, des anomalies de PC et des corps basaux ont été décrits. En étudiant un nouveau modèle de souris mutant, inactivé pour Eml1, mon travail s'est concentré sur les altérations subcellulaires et cellulaires des RG afin de comprendre les mécanismes pathogéniques conduisant à leur détachement et donc à la formation de SH. Etudiant les RG en interphase, en analysant les centrosomes, j’ai déterminé que leur structure est affectée dans les cellules de patients et de souris mutante, et ces défauts sont résolus par la stabilisation des microtubules. Le recrutement de protéines aux centrosomes est altéré et la protéine centrosomale Cep170 s'est avérée être un partenaire d'interaction spécifique d’EML1, cette interaction étant perdue quand EML1 présente une mutation SH. Les centrosomes et le PC étant intimement liés au cycle cellulaire, j’ai poursuivi par l'analyse du cycle cellulaire des RG et identifié des altérations de sa cinétique à deux stades de développement. Le séquençage de l'ARN des cellules uniques a permis d'identifier des dérèglements dans l'expression des gènes du cycle cellulaire. Le détachement anormal des RG est plus massif au début du développement que plus tard, ce qui suggère que les altérations de centrosomes et du cycle cellulaire à ce stade peuvent être en amont du détachement anormal des RG. Mon travail de thèse apporte ainsi de nouveaux éléments essentiels à la compréhension des mécanismes altérés dans les progéniteurs neuronaux dans le contexte de malformations corticales rares.