Thèse soutenue

Neurogéométrie de la vision stéréo

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Auteur / Autrice : Maria Virginia Bolelli
Direction : Alessandro SartiGiovanna Citti
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Mathématiques
Date : Soutenance le 27/03/2023
Etablissement(s) : Sorbonne université en cotutelle avec Università degli studi (Bologne, Italie)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences mathématiques de Paris centre (Paris ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'analyse et de mathématique sociales (Paris ; Marseille)
Jury : Président / Présidente : Benoît Perthame
Examinateurs / Examinatrices : Andrea Pinamonti, Davide Barbieri, Pascal Chossat
Rapporteur / Rapporteuse : Remco Duits, Olivier Faugeras

Résumé

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Ce travail vise à développer un modèle neurogéométrique de la vision stéréo, basé sur les architectures corticales impliquées dans le problème de la perception 3D et les mécanismes neuronaux générés par les disparités rétiniennes. Nous l'appliquons pour reproduire des expériences phénoménologiques ainsi que pour traiter des images 3D, en identifiant des percepts visuels tridimensionnels dans l'espace, en résolvant le problème de correspondance. Tout d'abord, nous proposons une géométrie sub-riemannienne pour la vision stéréo. Cette proposition s'inspire du travail sur le problème de la stéréo effectué par Li et Zucker, et elle utilise les outils sub-riemanniens introduits par Citti et Sarti pour la vision monoculaire. En particulier, nous présentons une interprétation mathématique des mécanismes neuronaux qui sous-tendent le comportement des cellules binoculaires, qui intègrent les entrées monoculaires, en introduisant un espace fibré corticales approprié. La compatibilité naturelle entre la triangulation stéréo et les modèles neurophysiologiques (modèle d'énergie binoculaire) montre que ces cellules binoculaires sont sensibles soit à la position et soit à l'orientation. Nous modélisons donc leur action dans l'espace R^3xS^2 équipé d'une métrique sub-riemannienne. Les courbes intégrales de la structure sub-riemannienne éclairent les calculs qui sous-tendent le problème de correspondance. Elles codent non seulement les variables de l'espace, mais aussi la courbure et la torsion, qui sont nécessaires pour résoudre la correspondance 3D. De plus, un éventail de ces courbes peut modéliser l'analogue 3D des champs d'association psychophysiques de Field, Heyes et Hess. Ceci illustre comment une bonne continuation dans le monde généralise une bonne continuation en 2D. Ensuite, nous étudions la constitution d'unités perceptuelles 3D dans la scène tridimensionnelle générée à partir de la géométrie sub-riemannienne. Ces unités perceptuelles émergent comme une conséquence de la connexion cortico-corticale aléatoire des cellules binoculaires. Nous présentons le processus stochastique à la base de ce phénomène, en considérant une version stochastique opportune des courbes intégrales. Nous générons une famille de solutions fondamentales pour l'opérateur de Kolmogorov associé au processus stochastique généré. Cette famille représente la probabilité d'interaction entre les cellules binoculaires et est mise en oeuvre comme un modèle de facilitation pour définir l'évolution de l'activité de la population neuronale. Cette activité est généralement modélisée par une équation de champ moyen. L'existence et l'unicité d'une solution découlent classiquement du problème de Cauchy dans les espaces de Banach. En revanche, l'analyse de stabilité est effectuée à l'aide de la méthode de Lyapunov, ce qui conduit à la prise en compte du problème des valeurs propres associé. Nous démontrons que les unités perceptuelles tridimensionnelles apparaissent de façon naturelle, à partir de la version discrète du problème des valeurs propres. Enfin, nous mettons en évidence la relation entre les solutions fondamentales des opérateurs géométriques apparaissant dans les espaces impliqués dans notre modèle: l'espace des positions et des orientations R^3xS^2 et le groupe de Lie SE(3). Nous étudions d’abord l'existence d'une isométrie (locale) entre ces deux espaces, avec la métrique induite par la structure corticale et sa contrepartie dans SE(3). Enfin, nous relions le comportement des solutions fondamentales dans les deux espaces en utilisant la notion de soulèvement d'opérateur.