Les approches basées sur des capteurs pour mieux estimer la relation entre l'exposition à la pollution de l'air et la réponse aiguë de la pression artérielle
Auteur / Autrice : | Sanjeev Bista |
Direction : | Basile Chaix |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Épidémiologie |
Date : | Soutenance le 04/01/2023 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Pierre Louis de santé publique : épidémiologie et sciences de l'information biomédicale (Paris ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut Pierre Louis d'épidémiologie et de santé publique (Paris ; 2014-....) |
Jury : | Président / Présidente : Isabella Annesi-Maesano |
Examinateurs / Examinatrices : Isabelle Momas | |
Rapporteur / Rapporteuse : Bénédicte Jacquemin, Valérie Siroux |
Mots clés
Résumé
Introduction : La pollution atmosphérique est connue comme un déterminant de la pression artérielle, et peut avoir des effets néfastes sur la santé humaine via sa contribution sur l’incidence d’une hypertension artérielle chronique. Si son effet long terme sur la pression artérielle a été largement étudié, l'effet à court terme, qui a une importance mécanistique, est encore mal compris. De plus, les études précédentes n'ont pas pris en compte l'effet synergique que les mélanges différents polluants de l’air peuvent avoir sur la pression artérielle. Objectif : Notre premier projet était de quantifier le niveau d'exposition personnelle (concentrations et doses inhalées) au carbone suie dans différents modes de transport étudiés au niveau de trajets avec un mode unique (n=7497) chez 283 participants. Dans une seconde étude, nous avons évalué l'association entre les expositions à court terme au carbone suie et la pression artérielle ambulatoire (n = 6772) chez 245 individus. Dans une troisième analyse, nous avons évalué l'effet conjoint d’un mélange de polluants de l’air sur la pression artérielle ambulatoire (n = 3319 mesures ) chez 221 participants. Méthodes : Nous avons étudié les déplacements des individus en traitant des données collectées au moyen de traceurs GPS et d’une enquête de mobilité par téléphone. Les concentrations de polluants ont été mesurées au moyen de capteurs ambulatoires. Les doses inhalées de polluants atmosphériques ont été dérivées en tenant compte du taux de ventilation estimé au moyen de données d'accélérométrie. Les méthodes utilisées pour l’analyse comprennent des régressions linéaires multiniveaux, un modèle de prédiction par forêt aléatoire et des modèles de quantile G computation. Résultats : Nous avons constaté que les étapes de déplacement impliquant les transports publics, les véhicules motorisés privés et le vélo exposaient les participants à une concentration plus élevée de carbone suie par rapport aux à pied. En revanche, les étapes de déplacement en vélo présentaient des doses inhalées de carbone suie plus élevées pour chaque 30 minutes de déplacement par rapport à tous les autres modes, en raison de l'augmentation du taux de ventilation pendant la pratique du vélo. Nous avons observé que l'amplitude des associations positives entre l'exposition au carbone suie et la pression artérielle diminuait progressivement avec l'augmentation de la période d'exposition prise en compte de 5 minutes à 1 heure avant les mesures de pression artérielle. Une augmentation de 1μg/m3 de l'exposition au carbone suie pendant 5 minutes augmentait la pression artérielle systolique et diastolique de 0,57 mmHg et 0,36 mmHg. L'augmentation d’un quartile du mélange de concentrations de polluants atmosphériques (carbone suie, monoxyde et dioxyde d’azote, monoxyde de carbone et ozone) dans des fenêtres d’exposition de 5 minutes à 1 heure précédant la mesure était associée à des élévations de la pression artérielle systolique allant de 1,40 mmHg à 2,13 mmHg. Conclusion : Nos résultats montrent que la prise en compte de doses inhalées plutôt que de concentrations pourrait aider à surmonter les erreurs de classification de l'exposition en particulier dans le microenvironnement des transports. Ces résultats sont les premiers du genre, car la majorité des études précédentes ont évalué les relations dose-réponse entre l'exposition à des polluants de l’air singuliers et la pression artérielle et sans prendre en compte les mélanges de polluants. Dans l'ensemble, ces résultats permettent de formuler l’hypothèse que l’exposition à la pollution de l’air jour après jour sur des mois et des années entraîne des réponses aiguës répétées de la pression artérielle susceptibles de conduire à une hypertension artérielle chronique. Cela soulignent l'importance de réduire la pollution atmosphérique environnementale anthropique en milieu urbain pour promouvoir la santé cardiovasculaire de la population adulte.