Thèse soutenue

Une histoire sociale et matérielle des transitions énergétiques urbaines. Le cas de Montréal, 1945-1980

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Auteur / Autrice : Clarence Hatton-Proulx
Direction : Alain BeltranSophie Van Neste
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire économique et sociale, histoire des sciences et techniques
Date : Soutenance le 27/11/2023
Etablissement(s) : Sorbonne université en cotutelle avec Université du Québec à Montréal
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Histoire moderne et contemporaine (Paris ; 1994-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Sorbonne Identités, relations internationales et civilisations de l’Europe (Aubervilliers, Seine-Saint-Denis ; 2002-....)
Jury : Président / Présidente : Morgan Mouton
Examinateurs / Examinatrices : Carola Hein
Rapporteurs / Rapporteuses : Magdalena Fahrni, Charles-François Mathis

Résumé

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Pour faire face aux changements climatiques, les villes sont sommées d'opérer une transition énergétique profonde. Ce problème est cadré d'un point de vue technique, alors que les discussions qui l'entourent sont dominées par un registre issu de l'ingénierie. Pourtant, les transitions énergétiques entraînent aussi des conséquences sociales et matérielles déterminantes. Afin d'éclairer ces thématiques, cette thèse sélectionne une étude de cas historique s'étirant sur quatre décennies, profitant de la longue durée, du point de vue rétrospectif et de l'accès unique à des documents d'archives que seule l'histoire peut offrir. Elle étudie les conséquences des transitions énergétiques urbaines à Montréal, métropole d'un des pays les plus énergivores au monde. Elle se focalise sur la période des Trente Glorieuses entre 1945 et 1973, marquée par une importante croissance économique et une intensification du métabolisme énergétique montréalais et québécois, ainsi que sur la crise de l'énergie des années 1970.Ses quatre chapitres empiriques explorent différentes facettes de l'histoire urbaine de l'énergie dans cet espace-temps. La première facette (chapitre trois) est celle de la contestation de la présence matérielle de l'énergie en ville, étudiée sous l'angle des pétitions et des lettres contre les espaces d'entreposage de bois et de charbon ainsi que les stations-services dans l'immédiate après-guerre. La seconde facette (chapitre quatre) concerne les conséquences environnementales des activités de raffinage de pétrole dans l'est de l'île de Montréal ainsi que leur héritage paradoxal tel qu'appréhendé par des entretiens d'histoire orale. La troisième facette (chapitre cinq) porte sur l'évolution des prévisions de demande d'électricité au Québec durant les années 1960 et 1970, sur les conflits qu'elles génèrent ainsi que sur leur importance dans la planification des infrastructures énergétiques. La quatrième facette (chapitre six) examine les conséquences des transitions dans le domaine du chauffage sur l'aménagement urbain et les pratiques de consommation d'énergie à Montréal.Adoptant volontairement différentes échelles d'analyse et traitant simultanément de plusieurs sources d'énergie, cette thèse démontre les profondes conséquences des transitions énergétiques urbaines sur l'infrastructure énergétique, l'environnement urbain et les modes de vie énergivores. Elle révèle les implications matérielles et sociales de la transition du système énergétique de l'énergie physique, centré autour du bois et du charbon, vers le système énergétique de l'énergie en réseau, constitué autour du pétrole, du gaz et de l'électricité. Cette thèse conclut que les transitions énergétiques urbaines étudiées ont mené à une intensification et à une externalisation des métabolismes urbaines, alors que la production et la transformation d'énergie s'amplifient et s'effectuent désormais hors de la ville. L'analyse révèle que ces modifications matérielles et spatiales entraînent des changements dans les pratiques de consommation d'énergie et les attentes sociales qui les encadrent. La transition de l'énergie physique vers l'énergie en réseau entraîne un passage d'une culture énergétique marquée par le spectre de la pénurie vers une autre caractérisée par l'attente de l'abondance. Ces changements matériels et sociaux ont entraîné des conséquences profondes sur l'environnement et le climat avec lesquelles nous devons aujourd'hui composer.