Thèse soutenue

Le palais épiscopal d'Autun au Moyen Age. Apports des technologies numériques à l’archéologie d’un ensemble architectural complexe (IVe-XVIe siècles)

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Auteur / Autrice : Camilla Cannoni
Direction : Dany Sandron
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Théorie et pratique de l'archéologie
Date : Soutenance le 04/12/2023
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Histoire de l’art et archéologie (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre André-Chastel (Paris ; 2004-....)
Jury : Président / Présidente : Brigitte Boissavit-Camus
Examinateurs / Examinatrices : Sylvie Balcon-Berry, Morana Čaušević
Rapporteur / Rapporteuse : Brigitte Boissavit-Camus, Christian Sapin

Résumé

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Le palais d’Autun est un bâtiment singulier dans le paysage monumental français car il accueille, presque sans interruption depuis le Haut Moyen Age, la résidence des évêques. Cet édifice très vaste est le résultat d’un long processus de transformations et de réaménagements que l’étude archéologique du bâti a mis en évidence. Son analyse donne un aperçu détaillé des demeures urbaines des élites médiévales et de leur évolution sur la très longue période qu’est le Moyen Âge. Les sources se rapportant directement à l’édifice sont rares pour la période médiévale mais plus abondantes à partir du XVIe siècle. Un riche dossier graphique apporte des précieux renseignements sur les restaurations de l’époque moderne et nombreux ont été les érudits et chercheurs à s’être intéressés à cet édifice. Au XIXe siècle et au début du XXe siècle, les membres de la Société Eduenne ont effectué des observations et laissé de nombreux témoignages concernant les découvertes fortuites, faites dans et autour de l’édifice. Plus récemment, les fouilles du groupe épiscopal médiéval d’Autun ont permis une connaissance fine des aménagements et les investigations ponctuelles aux alentours de l’édifice ont précisé certaines questions archéologiques. Les difficultés d’appréhension de l’évolution du bâtiment sont nombreuses et résultent de plusieurs facteurs : l’occupation constante du bâtiment qui a entrainé de nombreuses transformations et modernisations liées à l’évolution des modes de vie ; la typologie de l’édifice qui, comme tout complexe palatial médiéval rassemble des composantes résidentielles et privées ainsi que des espaces institutionnels et publics ; son architecture empreinte d’un vocabulaire hétéroclite (militaire, ecclésial et domestique) ; des indices archéologiques parfois ténus qui empêchent l’identification fonctionnelle des espaces et enfin, la fonction du bâtiment qui est encore habité. L’étude des ensembles architecturaux complexes, ayant connu une longue histoire et de nombreuses phases d’aménagement, se prête particulièrement bien à l’expérimentation d’une méthodologie intégrant les technologies numériques et l’utilisation d’un modèle 3D du bâtiment aux méthodes de l’archéologie du bâti. Dix états successifs du bâtiment ont ainsi pu être mis en évidence. La période paléochrétienne voit la mise en place des dispositions du groupe épiscopal primitif, des fortifications de la ville haute d’Autun et de la première domus ecclesiae construite à l’intérieur des murailles. Du V e au VIII e siècle, le groupe épiscopal connait une phase de monumentalisation avec la redistribution de plusieurs bâtiments résidentiels et ecclésiastiques autour d’un portique. L’application, à l’époque carolingienne, des grandes reformes ecclésiastiques voyant le partage de la liturgie ainsi que de l’espace autour des cathédrales entre l’évêque et les chanoines va entrainer des changements dans la topographie du groupe épiscopal ainsi que dans la disposition du palais de l’évêque. Dès le IX e siècle, un complexe organisé en plusieurs pôles va se dessiner et influencer le développement de la résidence épiscopale à l’époque romane. Suite à la reforme grégorienne et à l’augmentation des charges épiscopales et du personnel entourant l’évêque, une profonde restructuration du complexe palatial est entreprise entre le XIII e et le XIV e siècle menant à la création d’un grand palais gothique rassemblant toutes les composantes publiques et privées de la résidence du prélat. Aux XV e et XVI e siècles, la disposition du palais est désormais établie et elle va perdurer jusqu’à l’époque contemporaine, seuls des éléments de décor et de confort ayant été ajoutés à la résidence. L’étude du palais épiscopal d’Autun, à l’aide des technologies numériques, a ainsi permis une connaissance fine des phases d’aménagement d’un complexe palatial de grande ampleur venant compléter nos connaissances des groupes cathédraux.