Thèse soutenue

Les comtes de Blois de la fin des Thibaudiens à Guy Ier de Châtillon : des princes aux barons (milieu du XIIe siècle – début du XIVe siècle)

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Auteur / Autrice : Jérôme Limorté
Direction : Dominique BarthélemyXavier Hélary
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire du Moyen Âge
Date : Soutenance le 09/12/2023
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Mondes anciens et médiévaux (Paris ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre Roland Mousnier (Paris ; 1999-....)
Jury : Président / Présidente : Élisabeth Lalou
Examinateurs / Examinatrices : Christelle Balouzat-Loubet, Yves Coativy
Rapporteur / Rapporteuse : Élisabeth Lalou, Jean-François Nieus

Résumé

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Entre le milieu du XIIe et le début du XIVe siècle, les comtes de Blois sont des figures éminentes mais discrètes d’une société politique de plus en plus dominée par le roi de France et sa famille. Des prestigieux Thibaudiens en quête d’une couronne aux Châtillons dans l’ombre du roi, l’histoire des comtes de Blois est celle de barons qui, ne pouvant être princes, sont parvenus à maintenir leur rang durant près de deux siècles. En s’appuyant sur des sources comtales, en grande partie inédites, il s’agit dès lors de retracer la succession des lignages – Thibaudiens, Avesnes et Châtillons – qui gouvernent le comté de Blois. Sont alors mis en évidence leurs points communs, notamment la proximité avec le roi, l’attention portée au château de Blois, symbole de leur puissance et à la ville qui l’entoure, et leurs différences, en particulier le prestige de leurs origines, leurs politiques religieuses et leurs stratégies de distinction. Une attention particulière est portée aux changements dynastiques et au gouvernement par les comtesses, en s’interrogeant sur leur rôle dans la trajectoire du comté. Parmi elles, la figure de Jeanne de Châtillon (1280-1292), épouse de Pierre d’Alençon, mérite d’être mise en valeur car elle incarne d’une part la tension entre conscience dynastique et intégration à la famille royale et d’autre part une éphémère ambition princière qui disparaît avec elle. À la tête d’un ensemble multipolaire, composé des comtés de Blois et de Chartres puis du comté de Blois et des seigneuries d’Avesnes et de Guise, les comtes se dotent d’une administration de plus en plus étoffée et spécialisée afin de renforcer leur autorité sur leur territoire. Cela implique également la constitution et la multiplication de nouveaux outils de gestion à partir du milieu du XIIIe siècle : cartulaires, comptes généraux et livre des fiefs. Le développement de l’administration permet au comte d’augmenter les revenus de ses possessions. À travers le compte général de 1319, se dessine l’image d’un comte qui dispose de revenus considérables mais toujours en quête d’argent tant sa position sociale l’oblige à la largesse et à déployer un train de vie fastueux. Pour répondre à cet endettement, le comte recourt à des expédients, comme des emprunts auprès de ses bourgeois blésois et des Lombards, ce qui rend les seigneuries d’Avesnes et de Guise essentielles pour les comtes. Ce travail entend également saisir la place de ces seigneuries dans l’ensemble territorial gouverné par les Châtillons. Pour cela, le choix a été fait d’étudier la politique d’acquisition que mènent les comtes dans chacune de leurs possessions. Alors que les comtes multiplient les achats dans leur domaine ligérien, se concentrant notamment sur les forêts, symboles de pouvoir et espaces de richesses, ils prêtent une attention moins forte à leurs seigneuries septentrionales comme en témoignent les politiques sigillaires, onomastiques, testamentaires et funéraires des Châtillons de Blois. Enfin la société féodale blésoise est analysée à travers le livre des fiefs de 1322. Rédigé par l’administration comtale, ce document donne un aperçu de la diversité et de l’hétérogénéité des vassaux du comte. Il apparaît alors qu’aucun feudataire ne peut rivaliser avec le comte qui est à la tête d’un réseau castral important et dont le pouvoir a été renforcé par la mise en place d’une « féodalité administrative ». Cette situation s’explique en partie par le renforcement du pouvoir royal qui a bénéficié aux barons dont les comtes de Blois font indéniablement partie.