Thèse soutenue

Pensées et pratiques féministes de l'engagement littéraire (France, Québec, 1969-1985)

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Auteur / Autrice : Aurore Turbiau
Direction : Anne Tomiche
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature comparée
Date : Soutenance le 27/11/2023
Etablissement(s) : Sorbonne université
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Littératures françaises et comparée (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche en littérature comparée (Paris)
Jury : Président / Présidente : Emmanuel Bouju
Examinateurs / Examinatrices : Benoît Denis, Christine Planté, Isabelle Boisclair
Rapporteurs / Rapporteuses : Tiphaine Samoyault, Marie-Jeanne Zenetti

Résumé

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Cette thèse prend pour objet d'examiner, à l'aune de la notion d'engagement littéraire, les pensées et pratiques politiques de la littérature que mettent en œuvre les écrivaines de la cause des femmes, en France et au Québec, entre 1969 et 1985. Elle s'intéresse à un vaste corpus d'autrices parmi lesquelles l'étude privilégie, au Québec, Nicole Brossard, France Théoret, Louky Bersianik et Madeleine Gagnon, et en France Monique Wittig, Hélène Cixous, Françoise d'Eaubonne et Christiane Rochefort. En héritières de théories qui les précèdent et les accompagnent ces écrivaines réactivent la dimension d'abord éthique et critique de l'engagement, s'opposant au principe autoritaire des écritures « à thèse ». Elles renouvellent de diverses manières la notion de situation, centrale dans la pensée de Jean-Paul Sartre autant que dans celle de Simone de Beauvoir, et forgent un certain nombre de concepts placés au croisement du politique, de l'épistémologique et du poétique - en reproblématisant notamment les notions de sujet, d'action et de reconnaissance, d'histoire, concepts-clés de l'engagement littéraire canonique. Interrogeant l'identité « femme » qui décrit leur position dans l'espace social et littéraire, ces écrivaines élaborent aussi depuis leur point de vue spécifique le concept de « genre ». Elles déploient et réorientent les oppositions articulées à leur époque entre engagement et avant-gardes, les disqualifient souvent, les pensent en fonction d'imaginaires utopistes mi-pragmatiques mi-idéalistes ; elles interrogent la place que peuvent occuper la violence et l'insolence dans des politiques littéraires inédites, dont les esthétiques de rupture sont aussi largement des projets de fondation et de lien noué entre femmes - par là, elles scrutent aussi la dimension de leurs œuvres que l'on dit parfois « illisible » et contestent ce reproche, le renversant en gage de dialogue avec l'histoire littéraire de la modernité.