La gestion des déceptions amoureuses comme travail émotionnel genré : entre appuis interpersonnels et contraintes institutionnelles
Auteur / Autrice : | Victor Coutolleau |
Direction : | Beate Collet |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences sociales et philosophie de la connaissance |
Date : | Soutenance le 26/06/2023 |
Etablissement(s) : | Sorbonne université |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Concepts et langages (Paris ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : GEMASS (Paris ; 1998-....) |
Jury : | Président / Présidente : Emmanuelle Santelli |
Examinateurs / Examinatrices : Christophe Giraud, Marta Dominguez Folgueras, Pierre-Marie Chauvin | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Wilfried Rault, Céline Bessière |
Résumé
Si la plupart des couples traversent des « moments de creux », tous ne se séparent pas. Cette idée selon laquelle toute décision de séparation est précédée d’une phase d’interprétation des déceptions est consensuelle en sociologie française. Cependant, le déroulement concret de ce travail d’interprétation est peu abordé dans la littérature. Il y apparait surtout comme une activité faite à un niveau individuel, dans une forme de négociation intérieure entre l’acteur social et une « culture du couple », légitimant plus ou moins ses envies de séparation. Si ce travail d’interprétation est donc bien conçu comme un phénomène social, il semble difficilement accessible aux sociologues. Cette thèse propose d’ouvrir la « boite noire » de ce travail d’interprétation. Elle le fait à l'aide d’une méthodologie mixte, croisant analyses quantitatives des données de l’Étude des Parcours Individuels et Conjugaux (Épic, Ined-Insee, 2013-2014) et une cinquantaine d’entretiens semi-directifs. Elle vise en particulier à montrer que les déceptions amoureuses ne sont pas gérées de la même manière par les individus en fonction de leur genre et de leur orientation sexuelle. Une première partie avance que la gestion des déceptions amoureuses gagne à être conçue comme un travail émotionnel collectif, impliquant le réseau de relations dans lequel le couple est préalablement encastré. Une seconde partie montre que cette gestion collective est genrée : hommes et femmes ne parlent pas de leurs déceptions dans les mêmes proportions ni aux mêmes personnes. Enfin, la troisième partie souligne que ce travail émotionnel collectif s’effectue sous des contraintes institutionnelles, elles-mêmes genrées