Les sensibilités à l’effort en course à pied (France, 1910-1940) : genèse d’une culture athlétique
Auteur / Autrice : | Aurélien Chèbre |
Direction : | Jean-Nicolas Renaud, Pascale Gœtschel |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS) |
Date : | Soutenance le 13/01/2023 |
Etablissement(s) : | Rennes 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sociétés, temps, territoires (Angers) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Violences- Innovations- Politiques- Socialisations et Sports / VIPS2 |
Jury : | Président / Présidente : Daphné Bolz |
Examinateurs / Examinatrices : Yohann Fortune, Christophe Granger, Olivier Chovaux | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Luc Robène, Claire Blandin |
Mots clés
Résumé
Cette thèse vise à comprendre comment s'opère la construction d’une valorisation de certains affects dans l’expression et la perception de l’effort athlétique en France, au début du 20e siècle. À la croisée de l’histoire des sensibilités, de l’histoire culturelle, et de l’histoire par les corps, l’histoire des sensibilités sportives reste, à ce jour, un terrain d’étude en friche. L’originalité de la démarche consiste à chercher les traces du sensible non seulement dans la presse, bulletins de clubs, manuels d’entraînement, littérature, mais aussi à travers les sources audiovisuelles : radiodiffusion, actualités filmées. L’analyse du corpus montre que l’intégration des athlètes au sein d’un club nécessite une forme d’initiation à et par l’effort. Une fois intronisés, les néophytes découvrent la saisonnalité des émotions athlétiques, perfectionnent leur style, éprouvent les notions d’allure, de rythme, de respiration, guidés par les plus expérimentés. La fabrique de cette « communauté émotionnelle » singulière suppose un narratif partagé, développé notamment par les athlètes de renom comme Jean Bouin qui témoignent régulièrement sur l’émotion d’un record ou d’une course gagnée de haute lutte. Ce n’est qu’au début des années 1930 que le contenu émotionnel de la communauté est questionné, sur fond de conflit amateurisme-professionnalisme suite à l’affaire Ladoumègue. Les cadres de la FFA craignent que l’appât du gain vienne gangréner la course à pied, au détriment d’une pratique où le plaisir désintéressé prime. Paradoxalement, les crises des années 1930 sont moins le signe d’une fragilisation de la communauté que celui de l’affirmation d’une culture athlétique en France.