Circulation de Toxoplasma gondii dans l'archipel des Galápagos
Auteur / Autrice : | Juan Mosquera |
Direction : | Marie-Lazarine Poulle, Isabelle Coste-Villena |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Aspects moléculaires et cellulaires de la biologie |
Date : | Soutenance le 13/12/2023 |
Etablissement(s) : | Reims |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Biologie, Chimie, Santé (Reims ; 2018-) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Épidémiosurveillance de protozooses à transmission alimentaire et vectorielle (Reims, Rouen ; 2018-...) |
Jury : | Président / Présidente : Francis Raoul |
Examinateurs / Examinatrices : Marie-Lazarine Poulle, Isabelle Coste-Villena, Emmanuelle Fromont, Camille Lebarbenchon, Sonia Zapata | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Emmanuelle Fromont |
Mots clés
Résumé
Toxoplasma gondii est un parasite protozoaire intracellulaire qui a pour hôtes définitifs les félins. Il est responsable de la toxoplasmose, une infection susceptible d’affecter tous les homéothermes. Généralement asymptomatique, la toxoplasmose peut cependant constituer une menace pour la conservation des espèces qui n’ont pas co-évolué avec T. gondii. C’est notamment le cas pour des espèces insulaires et pour les mammifères marins. L’objectif de cette étude est de documenter la circulation de T. gondii dans l’archipel des Galápagos (océan Pacifique) où les chats ont été introduits au 19ème siècle. Nous avons comparé la prévalence des anticorps dirigés contre T. gondii chez les oiseaux de cet archipel pour estimer l’importance relative de leurs voies d’expositions. Le test d'agglutination modifié (MAT ≥ 1:10) a été appliqué à 163 échantillons de plasma prélevés dans 7 espèces d’oiseaux terrestres nichant sur une des îles avec chats et sur 187 échantillons de plasma provenant de 6 espèces oiseaux marins se reproduisant sur des îles environnantes sans chats. Des anticorps ont été détectés dans toutes les espèces échantillonnées à l’exception des grandes frégates (Fregata minor, N = 25) et mouettes à queue fourchue (Creagrus furcatus, N = 23). La prévalence varie de 13% chez les fous de Nazca (Sula granti) à 100% chez les moqueurs des Galápagos (Mimus parvulus). Elle décroit des espèces carnivores occasionnels (63,43 %) à celles granivores-insectivores (26,22 %), en passant par les piscivores stricts (14,62 %). La consommation de kystes tissulaires s’avère donc la principale voie d'exposition des oiseaux des Galápagos à T. gondii, suivie par l'ingestion de végétaux et d'insectes contaminés par les oocystes. Nous avons également exploré la présence de T. gondii dans les eaux côtières de l’archipel en utilisant les huîtres de l’espèce Saccostrea palmula comme sentinelles de cette contamination. Elles ont été prélevées sur 3 colonisées par les chats et une île vierge de félin. L'ADN de T. gondii a été détecté chez 15,38 % des huîtres prélevées (40/260) et la prévalence varie de 11,5 % à 23 % selon les îles mais sans variation significative entre elles. Le transport des oocystes par les courants marins semble donc avoir conduit à une généralisation de la contamination des eaux marines de l’archipel des Galápagos par T. gondii. Nous avons donc exploré la pathogénicité de T. gondii sur un mammifère marin endémique, l’otarie des Galápagos (Zalophus wollebaeki). Les cadavres de 29 individus trouvés morts sur les plages ont été collectés et autopsiés et des échantillons de cœur, cerveau, ganglions lymphatiques, rate, foie, poumons, moelle osseuse et muscle squelettique ont été prélevés. Ces échantillons d’organes font actuellement l’objet d’une détection moléculaire de T. gondii et d’analyses immunohistopathologiques pour mettre en évidence des lésions liés au parasite et d’éventuels cas de toxoplasmose disséminée.