Thèse soutenue

Caractérisation du système de réparation des mésappariements de l'ADN ou « mismatch repair » dans les tumeurs sébacées et analyse de leur microenvironnement inflammatoire

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Auteur / Autrice : Éric Frouin
Direction : Jean-Claude LecronLaure Favot-Laforge
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Aspects moléculaires et cellulaires de la Biologie
Date : Soutenance le 16/03/2023
Etablissement(s) : Poitiers
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Rosalind Franklin (Poitiers ; 2022-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : LITEC
faculte : Université de Poitiers. UFR de médecine et de pharmacie
Jury : Président / Présidente : Lucie Karayan-Tapon
Examinateurs / Examinatrices : Vincent Lagente
Rapporteur / Rapporteuse : Lise Boussemart, Marie-Odile Jauberteau-Marchan

Résumé

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Les tumeurs sébacées (TSs) sont des tumeurs cutanées rares, à la fois bénignes (adénomes sébacés ou ASs et sébacéomes ou Ss) et malignes (carcinomes sébacés ou CSs). Une proportion importante survient dans le cadre d’un syndrome de Muir-Torre-Syndrome de Lynch (SMT-SL). Ce syndrome peut être dépisté par immunohistochimie (IHC) et par biologie moléculaire (BM) qui permettront la détermination d’un phénotype « mismatch repair déficient » (dMMR) et par un score clinique de risque de la Mayo-Clinic, pour déterminer quels patients doivent avoir un génotypage. La présence d’un phénotype dMMR ne signifie pas que la tumeur est d’origine germinale, de nombreuses TSs étant sporadiques. Le phénotype dMMR est fréquent (70,7%), et une excellente concordance entre IHC et BM (coefficient Kappa de Cohen à 0,85) suggère que les 2 techniques sont équivalentes pour le dépistage du phénotype dMMR, avec 7,1% de discordances. Dans 20,3% de cas, la BM donne des résultats « sous réserve » ou pas de résultats, alors que l’IHC est toujours contributive, suggérant que l’IHC est supérieure à la BM. Parmi les 13 patients atteints de SMT-SL, 2 ont un faible score de risque de la Mayo-Clinic (1 point) et n’auraient pas été dépistés par ce score. Ainsi, l’IHC a la sensibilité la plus élevée pour le dépistage du SMT-SL (100%) avec une faible spécificité, tandis qu’un score de risque de la Mayo-Clinic >2 points a une sensibilité plus faible (92%) mais une spécificité plus élevée (89%). Par ailleurs, peu d‘études sont consacrées à l’analyse du microenvironnement immun des TSs, sinon sur l’expression de marqueurs de régulation de la réponse immune (PD-1, PD-L1) et jamais au lien entre la composition de ce microenvironnement et le statut MMR. Nous avons analysé la composition de ces infiltrats en comparant les zones (massifs tumoraux, stroma intra-tumoral et tissu conjonctif péri-tumoral) avec le type histologique, reflet de l’agressivité des TSs, puis selon le statut MMR (type de protéine(s) absente(s), existence ou non d’un SMT). Nous montrons que les infiltrats immuns (Lymphocytes T CD3, Lymphocytes T cytotoxiques CD8, Lymphocytes T helpers CD4, Lymphocytes Treg FOXP3, Lymphocytes B CD20, Macrophages CD68, Macrophages de type M1 INOS, Macrophages de type M2 CD163, Cellules dendritiques CD11c), comme l’expression des molécules PD-1 et PD-L1, sont plus importants dans le stroma intra-tumoral que dans les massifs tumoraux et le tissu conjonctif péri-tumoral. Les CSs ont un infiltrat immunitaire plus dense en macrophages M2 et en DCs que les tumeurs bénignes, notamment les ASs. Dans le microenvironnement des CSs, l’expression de PD-L1 est plus importante que dans le microenvironnement des tumeurs bénignes, sans expression significative par les cellules tumorales. De plus, aucune différence dans la composition du microenvironnement des TSs a été observée selon le statut MMR, l’existence d’un SMT-SL, ou le type de protéine(s) absente(s). Pour dépister le SMT-SL, la réalisation d’un score de risque Mayo-clinique en première intention puis de l’IHC semble la meilleure stratégie avec un coût inférieur pour la société. Cette attitude doit être adaptée aux ressources médico-économiques de chaque pays. Nos données montrent aussi que la composition du microenvironnement des TSs n’est pas liée au phénotype MMR mais à l’agressivité des lésions. Au sein de ce microenvironnement, nous suggérons que les macrophages, notamment de type M2, et les DCs jouent un rôle permissif à la croissance tumorale. L’immunothérapie ciblant la liaison PD-1/PD-L1 pourrait être une bonne option thérapeutique pour les CSs.