«Aborrito infamato e negletto dei Borboni il nome sarà» : gestes et voix de dissidence antiborbonique dans le royaume des Deux Siciles continental (1848-1859)

«Aborrito infamato e negletto dei Borboni il nome sarà» : gesti e voci di dissidenza antiborbonica nel regno delle due Sicilie continentale (1848-1859)

• Auteur / Autrice : Christopher Calefati
• Direction : Emmanuel Fureix, Arianna Arisi Rota
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Histoire
• Date : Soutenance le 24/05/2023
• Etablissement(s) : Paris Est en cotutelle avec Università degli studi (Pavie, Italie)
• Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale Cultures et Sociétés
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche en histoire européenne comparée (Créteil) - Centre de recherche en histoire européenne comparée / CRHEC
• Jury : Président / Présidente : Carmine Pinto
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Emmanuel Fureix, Arianna Arisi Rota, Roberto Balzani, Bruno Ziglioli, Catherine Brice
• Jury : Rapporteurs / Rapporteuses : Roberto Balzani

Mots clés

Mots clés contrôlés

Royaume des Deux-Siciles (Italie)

Violence politique

19e siècle

Italie

Iconoclasme

Mots clés libres

Iconoclasme

Deux-Siciles

Histoire visuelle

Two Sicilies

Visual Cultures

Iconoclasm

Résumé

Le travail de thèse s’insère dans le sillon interprétatif qui a vu un renouvellement de l’historiographie du XIXe siècle européen, selon les canons des interprétations provenant de l’histoire culturelle. Les nouvelles théories sur les pratiques de politisation visuelle et informelle servent de base à la lecture des actes d’iconoclasme et de violence verbale antiborbonique dans le Royaume des Deux-Siciles entre la grande mobilisation de 1848 et 1859. Les deux moments analysés sont caractérisés par deux attitudes différentes de la part de la monarchie : au cours de la révolution de Quarante-huit, le Sud d'Italie continental est concerné par une violente guerre civile avec la momentanée, Les années 1849 et 1859 se distinguent par une violente tentative policière et judiciaire par le trône de Ferdinand II contre les "survivants" de la mobilisation. Grâce à la lecture des documents provenant des Grandes Cours Criminelles et du Ministère de Police Général de Naples, il est possible de reconstruire une morphologie de la pratique iconoclaste, en décrivant les différents aspects du répertoire de violence matérielle envers les images du pouvoir. En ce sens, le travail de recherche vise à mettre en évidence une autre voie d’accès pour la population ordinaire à la négociation de la souveraineté pendant une période de crise politique et de discontinuité de légitimité du pouvoir monarchique. En outre, l’apparition de nouveaux acteurs sur la scène politique méridionale confirme la vivacité et l’hétérogénéité de l’environnement duosicilien, distinct d’une présence importante de "petits conspirateurs" dans des tournants historiques pour le Royaume. La violence iconoclaste montre la tentative de la population de s’assurer un rôle de protagoniste pendant la révolution et laisse entrevoir un changement de l’imaginaire de la monarchie des Bourbons au sein de l’opinion publique. En effet, 1848 et les gestes de "rupture" visuelle soulignent la présence d’une fracture entre sujets et trône dans la sphère de la légitimité du pouvoir. A côté de l’iconoclasme, le travail de recherche examine les pratiques de violence verbale (écrite et orale) contre le trône de Naples. Dans les cas analysés, un appel constant à la mobilisation de 1848 est évident, dont la mémoire est un véritable pilier qui soutient la renaissance de la conspiration patriotique. En effet, les messages de la révolution reviennent, de manière rapsodique et souvent peu coordonnée, sur les murs des petits centres du sud de l’Italie, où la mobilisation trouve de nouveaux acteurs qui permettent sa survie dans un moment de dure répression policière de la part de l’appareil répressif des Bourbons. Les gestes de violence verbale conquièrent de nouveaux lieux de la révolution : auberges, ateliers et tavernes remplacent, temporairement, les places envahies pendant la grande mobilisation. Même dans ce cas d’étude, l’imaginaire collectif antimonarchique est alimenté par des rumeurs, des rumeurs incendiaires et des écrits séditieux qui accompagnent le quotidien des individus. Les répertoires examinés s’entremêlent dans le paysage politique méridional : les blasphèmes politiques accompagnent les gestes d’iconoclasme dans les phases de renversement de pouvoir et les remplacent dans les périodes de lutte clandestine anti-monarchique. Les deux pratiques de souveraineté font l’objet d’une re-reconnaissance politique au cours des bouleversements historiques du XIXe siècle. En effet, les rituels de violence, récurrents dans les mécanismes de régulation du pouvoir local, pénètrent des conflits plus larges, qui concernent tout l’espace méridional. Par conséquent, les formes de violence et de négociation de la souveraineté populaireLa lutte pour la suprématie n’est pas menée exclusivement dans les milieux institutionnels et diplomatiques, mais comprend un substrat politique qui agit continuellement sur les émotions populaires.

The thesis is part of the interpretation that has seen a renewal of the historiography of the nineteenth century European, according to the canons of interpretations from cultural history. New theories on the practices of visual and informal politicization serve as a basis for reading the acts of iconoclasm and verbal anti-Borbonic violence in the Kingdom of the Two Sicilies in the period between the great mobilization of 1848 and 1859. The two moments analyzed are characterized by two different attitudes on the part of the monarchy: during the Forty-eight Revolution, the continental South is affected by a violent civil war with the momentary, and partial, conquest of sovereignty by the radical front; the years between 1849 and 1859 are distinguished by a violent attempt, police and judicial, by the throne of Ferdinand II against the "survivors" of the mobilization. Through the reading of documents from the Grand Criminal Courts and the Ministry of Police General of Naples, it is possible to reconstruct a morphology of iconoclastic practice, outlining the different aspects of the repertoire of material violence against images of power. In this sense, the research work aims to highlight an additional way for the ordinary population to access the negotiation of sovereignty during a period of political crisis and discontinuity of the legitimacy of monarchical power. Moreover, the appearance of new actors on the southern political scene confirms the liveliness and heterogeneity of the Duosicilian environment, distinguished by an important presence of "small conspirators" within epochal changes for the Kingdom. The iconoclastic violence shows the attempt of the population to secure a leading role during the revolution and reveals a change in the imagination of the Bourbon monarchy within public opinion. Indeed, 1848 and the gestures of visual "rupture" emphasize the presence of a rift between subjects and throne in the sphere of the legitimacy of power. Alongside iconoclasm, the research examines the practices of verbal (written and oral) violence against the throne of Naples. In the cases analyzed, a constant reference to the mobilization of 1848 is evident, whose memory is a real pillar that supports the revival of the patriotic conspiracy. In fact, the messages of the revolution return, in a rhapsodic and often uncoordinated, on the walls of the small towns of Southern Italy, where the mobilization finds new actors that allow its survival in a moment of harsh police repression by the repressive apparatus of the Bourbons. Gestures of verbal violence conquer new places of the revolution: inns, shops and taverns temporarily replace the squares invaded during the great mobilization. Also in this case study, the anti-colonial collective imagination is fueled by rumors, incendiary voices and seditious writings that accompany the daily life of individuals. The repertories examined are intertwined in the southern political landscape: political blasphemies accompany the gestures of iconoclasm in the phases of overturning power and replace the latter in the periods of underground anti-mafia struggle. The two practices of sovereignty are the subject of political resettlement during the epochal upheavals of the nineteenth century. In fact, the rituals of violence, recurrent in the mechanisms of regulation of local power, penetrate wider conflicts, affecting the entire southern space. Therefore, forms of violence and negotiation of popular sovereignty become part of theconflict for the legitimacy that the revolutions had fuelled: the struggle for supremacy is not fought exclusively in the institutional and diplomatic spheres, but includes a political substrate that acts continuously on popular emotions.