Thèse soutenue

Mécanismes et quantification de la génération d'hydrogène naturel en contexte intracratonique : le cas du Mid-Rift System (Kansas, USA)

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Auteur / Autrice : Valentine Combaudon
Direction : Hannelore DerluynEric Deville
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géosciences
Date : Soutenance le 23/10/2023
Etablissement(s) : Pau
Ecole(s) doctorale(s) : Sciences Exactes et leurs Applications
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire des Fluides Complexes et leurs Réservoirs - Laboratoire des Fluides Complexes et leurs Réservoirs
Jury : Président / Présidente : Isabelle Moretti
Examinateurs / Examinatrices : Hannelore Derluyn, Eric Deville, Laurent Truche, Manuel Muñoz, Olivier Sissmann, Ema Frery, Barbara Sherwood-Lollar
Rapporteurs / Rapporteuses : Laurent Truche, Manuel Muñoz

Mots clés

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Résumé

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L'hydrogène naturel (H2) a longtemps été associé uniquement à la serpentinisation des roches ultrabasiques et basiques en contexte de limites de plaques lithosphériques (rides médio-océaniques ou massifs ophiolitiques). Un tel hydrogène a aussi été identifié au milieu des continents, dans des zones qualifiées d'intracratoniques, et caractérisées par une quasi-absence d'activité tectonique et magmatique depuis plusieurs millions d'années. L'exploitation de l'hydrogène généré au niveau de dorsales océaniques étant exclu, l'hydrogène continental, et plus particulièrement intracratonique, pourrait être considérer comme plus attractif. Cependant, l'état actuel des connaissances scientifiques sur cet hydrogène est relativement limité et ne permet pas d'assurer une production à moindres risques et moindres coûts.Le Kansas abrite d'actuels puits émetteurs d'hydrogène naturel. Cet H2 a été, lors de précédentes études, caractérisé comme un flux et associé aux roches sous-jacentes appartenant au socle Précambrien. Ce socle a été intrudé, il y a 1.1 milliards d'années, par le Mid-Rift System (MRS), un rift avorté associé à une accumulation kilométrique de roches riches en fer et potentiellement génératrices d'H2. Ce rift qui est enfoui sous des sédiments paléozoïques au Kansas, s'étend sur plus de 2000 km, jusqu'à la région des grands lacs (Minnesota) où les roches affleurent.Pour combler le déficit de connaissance concernant l'hydrogène intracratonique une étude minéralogique poussée des échantillons de roches provenant de la partie du rift situé au Kansas a été réalisée. L'objectif était d'identifier le mécanisme principal de génération d'H2. Ensuite, une méthodologie d'étude multi-échelle combinant données de microsonde, bilan de transfert de masse, et données de microtomographie par rayons X a été développée, dans le but de quantifier l'H2 généré. Enfin une mission d'échantillonnage d'eau et de gaz dans la zone nord du MRS (Minnesota) a été effectuée. L'objectif était d'acquérir des données additionnelles et de fournir des analyses géochimiques destinées à mieux comprendre le système H2 lié au MRS.Le socle Précambrien du Kansas, dans la zone des puits émetteurs d'H2, est composé de monzo-gabbros riches en fayalites portant des marques d'au moins deux évènements d'interactions eau-roche : (1) un épisode tardi-magmatique d'altération deutérique des fayalites, (2) un épisode tardif de circulation de fluide à plus basse température. Ces évènements pourraient avoir conduit, chacun, à une génération d'H2. Dans la partie du rift se situant au Minnesota, des quantités significatives de méthane (CH4), d'hélium (He), de dioxyde de carbone (CO2), d'hydrocarbures lourds, et d'H2 (jusqu'à 500 ppm) ont été mesurés dans des gaz dissous et des gaz libres. Leur signature isotopique est complexe et il est difficile de distinguer les différents pôles isotopiques. Il est important de noter que ces gaz sont associés, en partie, à des eaux réduites et basiques typiques des réactions eaux-roches comme la serpentinisation. Ainsi, ces résultats suggèrent qu'une partie de l'H2 est généré en subsurface par serpentinisation des roches riches en fer du rift puis consommé avec le CO2 présent pour produire du CH4.Ce travail de thèse a permis de produire de nouvelles données essentielles pour mieux comprendre la génération d'hydrogène dans le MRS mais aussi de manière plus générale dans les zones intracratoniques.