Thèse soutenue

Variations intra-saisonnières de l'environnement social : de la sélection sexuelle intra-spécifique à l'isolement pré-accouplement

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Auteur / Autrice : Léa Daupagne
Direction : Cédric TentelierÉmilien Lasne
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Physio biologie
Date : Soutenance le 10/10/2023
Etablissement(s) : Pau
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences exactes et leurs applications (Pau, Pyrénées Atlantiques ; 1995-)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Ecologie Comportementale et Biologie des Populations de Poissons / ECOBIOP
Jury : Président / Présidente : Elisabet Forsgren
Examinateurs / Examinatrices : Cédric Tentelier, Émilien Lasne

Résumé

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Les variations spatiales et temporelles de l'environnement social sont supposées moduler le schéma des interactions inter-sexuelles au sein des populations par le biais de changements dans le sex-ratio opérationnel et dans la composition phénotypique. Les recherches explorant la manière dont l'environnement social joue un rôle clé dans la variation de la sélection sexuelle comparent généralement des populations isolées dans l'espace ou des mêmes populations entre des saisons de reproduction successives. Cependant, des changementsdémographiques peuvent survenir au sein même d'une saison de reproduction et ainsi modifier la sélection à plus petite échelle. De plus, les études se concentrent principalement sur des populations monospécifiques avec des histoires de vie similaires, ce qui limite la généralisation du rôle de la complexité de l'environnement sur la sélection sexuelle. Dans ce contexte, cette thèse visait à approfondir notre compréhension de trois questions majeures (1) comment les changements du contexte social au cours d'une saison de reproductioninfluencent-ils la sélection sexuelle ? (2) comment les différents niveaux de synchronie reproductive entre et parmi les sexes affectent-ils la sélection sexuelle ? et (3) le processus intraspécifique de sélection sexuelle peut-il conduire à un isolement sexuel interspécifique chez les espèces sympatriques dont les événements de reproduction sont synchronisés ? Pour ce faire, j'ai utilisé les lamproies comme modèle biologique, car elles constituent un système hautement polygynandre dans lequel la durée de l'activité d'accouplement individuelle est courte par rapport à la durée de la saison de reproduction. En développant un modèle qui décompose l'effet des traits individuels sur les deux processus menant au succès de l'accouplement (c'est-à-dire le nombre de tentatives d'accouplement et la probabilité d'accouplement réussi), j'ai d'abord montré que l'avantage conféré par la taille corporelle dépend de l'environnement compétitif auquel les individus sont confrontés pendant la saison de reproduction, et de leur timing d'activité (1). Par le biais d'une étude expérimentale et d'un modèle à base d'agents, j'ai ensuite mis en évidence que le degré de synchronie entre et parmi les sexes modifie la force et la direction de la sélection sexuelle, induisant une réponse adaptative potentielle dans le timing reproductif des individus (2). Enfin, je montre que la prise en compte de la complexité de l'environnement social, par exemple en incorporant l'effet des congénères ayant des histoires de vie distinctes, peut expliquer l'émergence de stratégies d'accouplement alternatives par la sélection sexuelle, telles que le sneaking chez les lamproies, et mettre en lumière le mécanisme potentiel de la spéciation sympatrique (3). Dans l'ensemble, cette thèse illustre le rôle que la variation de la structure compétitive peut jouer sur la manière dont la sélection sexuelle opère à la fois au sein des populations et entre elles, et préconise que la complexité et la dynamique de l'environnement social soient plus souvent prises en compte dans l'étude des dynamiques des systèmes d'appariement.