Thèse soutenue

Impact des interactions microbiennes sur le cycle biogéochimique du mercure

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Auteur / Autrice : Diva Scuvee
Direction : Maria Soledad Goñi UrrizaBahia Khalfaoui Hassani
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Physiologie et biologie des organismes - populations - interactions
Date : Soutenance le 13/04/2023
Etablissement(s) : Pau
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences exactes et leurs applications (Pau, Pyrénées Atlantiques ; 1995-)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des sciences analytiques et de physico-chimie pour l'environnement et les matériaux (IPREM UMR 5254) - Institut des sciences analytiques et de physico-chimie pour l'environnement et les materiaux
Jury : Président / Présidente : David Amouroux
Examinateurs / Examinatrices : David Amouroux, Benjamin Olivier Misson, Alain Dolla, Nicolas Bernet
Rapporteur / Rapporteuse : Benjamin Olivier Misson, Alain Dolla

Mots clés

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Résumé

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Le mercure (Hg) est un métal lourd, qualifié de polluant global de par sa capacité à se disperser dans l'atmosphère. Certains micro-organismes anaérobies possèdent la capacité de transformer le Hg inorganique en méthylmercure (MeHg). La bioaccumulation et la bioamplification du MeHg dans les réseaux trophiques induit de fortes concentrations de MeHg dans les poissons. La consommation par l'homme de poissons contaminés peut engendrer la maladie de Minamata, puisque le MeHg est une neurotoxine. Ces travaux de thèse s'intéressent particulièrement aux micro-organismes sulfato-réducteurs (MSR), principaux acteurs dans la production de MeHg en milieu aquatique. Le rôle majeur des MSR dans la production de MeHg dans les environnements aquatiques est connu depuis des décennies, par des études environnementales qui utilisent le molybdate (Mo) comme inhibiteur de la sulfato-réduction. Néanmoins, dans quel mesure le Mo affecte la méthylation du Hg au-delà de la sulfato-réduction n'est pas connu. Ainsi, dans le premier axe, nous nous sommes intéressés à l'effet du Mo sur la méthylation du Hg par les MSR et sur le cycle biogéochimique du Hg. Nous avons cherché à étudier comment ce métal impact la méthylation du Hg. Les résultats de ce travail montrent pour la première fois que le Mo inhibe la méthylation du Hg par Pseudodesulfovibrio hydrargyri BerOc1 (MSR), non seulement en sulfato-réduction, mais aussi en respiration fumarate. Ces travaux de thèse visent aussi à comprendre comment les interactions entre micro-organismes ayant des rôles écologiques différents peuvent influencer le cycle biogéochimique du Hg. Les interactions entre micro-organismes ayant des rôles écologiques différents vont moduler le cycle du Hg. D'un côté, elles vont favoriser la production de la forme la plus toxique du Hg, le MeHg, ou au contraire, séquestrer le Hg et impacter sa disponibilité pour la production de MeHg. L'étude de l'effet des interactions microbiennes sur le cycle du Hg a été réalisée par une double approche: une approche «bottom up», avec la mise en place de consortia artificiels de microorganismes modèles, impliqués dans le cycle du Hg, du carbone et du soufre, et une approche «top-down», par la culture de consortia à partir d'un biofilm périphytique, connu pour son fort potentiel de production de MeHg. L'approche bottom-up a été mise en place pour déterminer comment les interactions liées au cycle du soufre peuvent affecter la production du MeHg. En effet le Hg(II) possède une forte affinité pour le sulfure. Ce dernier est produit à des fortes concentrations par les MSR en métabolisme de sulfato-réduction. L'activité de sulfo-oxydation de certains microorganismes pourrait donc impacter la biodisponibilité du HgII pour la méthylation. Deux souches modèles phototrophes anoxygéniques sulfo-oxydantes ont été choisies donc dans ce travail : Allochromatium vinosum DSM180, bactérie pourpre sulfureuse, et Rhodobacter capsulatus SB1003, bactérie pourpre non sulfureuse, capable de réduire le HgII. Des cocultures avec Desulfobulbus propionicus 1pr3, bactérie sulfato-réductrice méthylant le HgII ont été réalisées. Nos résultats montrent que la présence de A. vinosum DSM180 augmente la production de MeHg par D. propionicus 1pr3, mais R. capsulatus SB1003 n'a aucun effet sur cette méthylation. R. capsulatus SB1003 a également perdu sa capacité de réduction du HgII dans les conditions réalisées de cocultures. En parallèle, l'approche «top-down» a été réalisée dans le but de caractériser les microorganismes impliqués dans la production de MeHg dans le périphyton de la plante aquatique, Ludwigia sp, connu pour son fort potentiel de méthylation de Hg. La culture des consortia a permis d'obtenir en culture une large diversité de microorganismes impliqués dans la méthylation du Hg et l'étude de la composition des consortia et des communautés microbiennes in situ a permis de proposer un modèle sur les interactions pouvant avoir lieu dans ces environnements complexes.