Culture de microalgues pour le traitement d'effluents industriels salins et la production de biogaz
Auteur / Autrice : | Aurélien Parsy |
Direction : | Rémy Guyoneaud, Cécilia Sambusiti |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Physio biologie |
Date : | Soutenance le 02/03/2023 |
Etablissement(s) : | Pau |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale sciences exactes et leurs applications (Pau, Pyrénées Atlantiques ; 1995-) |
Partenaire(s) de recherche : | Entreprise : TotalEnergies |
Laboratoire : Institut des sciences analytiques et de physico-chimie pour l'environnement et les matériaux (Pau) | |
Jury : | Président / Présidente : Elena Ficara |
Examinateurs / Examinatrices : Rémy Guyoneaud, Cécilia Sambusiti, Thierry Ribeiro, Alla Silkina, Jean-François Sassi | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Thierry Ribeiro, Alla Silkina |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
La culture de microalgues et de cyanobactéries nécessite de grandes quantités d'eau et de nutriments pour obtenir des productivités élevées. L'objectif de cette thèse était d'étudier une chaîne de production circulaire, dans laquelle des microalgues étaient cultivées dans des eaux de production de l'exploitation pétrolière, de l'eau de mer et du digestat liquide issu du processus de digestion anaérobie. Leur valorisation par digestion anaérobie permettrait de produire du biométhane, du digestat et du CO2 biogénique, ce dernier étant réutilisé pour la culture de microalgues. Dans ce but, 5 microalgues et 1 cyanobactérie ont été testées, pour leur capacité à résister aux contaminants communément trouvés dans les eaux de production (i.e. métaux lourds et hydrocarbures), leur forte productivité dans ces eaux et leur capacité à se développer sur une large gamme de salinités, de 40 à 100 g·L-1. Cela a conduit à la sélection d'un consortium de trois microalgues contenant Nannochloropsis oceanica, Tetraselmis suecica et Dunaliella salina. Ensuite, l'efficacité de la bioremédiation d'effluents industriels composés d'eau de production artificielle, de digestat liquide et d'eau de mer a été étudiée avec le consortium et leurs bactéries associées. Des résultats intéressants ont été obtenus après 23 jours de culture à l'échelle laboratoire en batch, avec des taux d'abattement de 94-100% pour l'azote ammoniacal, 58-77% pour la demande chimique en oxygène et 86-93% pour les composés aromatiques, le tout dans un milieu à 70 g·L-1 de salinité. De plus, l'ajout dans le milieu de bactéries dégradant les composés aromatiques sélectionnés a montré que la bioaugmentation n'améliorait pas significativement l'efficacité de la bioremédiation. Pour aller plus loin, des tests de culture ont été réalisés dans des photobioréacteurs en colonne de 70 L, puis dans un bassin ouvert « raceway » de 1,1 m3. La croissance et l'évolution du consortium ont été suivies en batch, puis jusqu'à 5 mois en semi-continu. Des productivités similaires ont été obtenues (~12 gTSS·m-2·d-1) pour les deux réacteurs. En termes d'efficacité de bioremédiation, les microalgues et leurs procaryotes associés ont été capables d'éliminer quotidiennement, pendant les opérations semi-continues, jusqu'à 62% de la demande chimique en oxygène, 44% de l'azote minéral et 97% du phosphore, soit moins que ce qui a été obtenu à l'échelle batch. Enfin, la conversion de la biomasse microalgale en biométhane a été étudiée en effectuant des tests de digestion anaérobie semi-continue. Pour pouvoir traiter des matières premières salines, l'acclimatation d'un inoculum anaérobie a été suivie pendant 70 jours, jusqu'à une salinité de 14 g·L-1, en augmentant progressivement la salinité dans le digesteur. Les évaluations de la tolérance à la salinité ont montré que les archées méthanogènes étaient très actives jusqu'à 27 g·L-1, avec une production de méthane de 191 Nm3CH4·tVS-1. Sur la base de ces résultats, une évaluation technico-économique préliminaire a été réalisée, montrant qu'en intégrant la culture de microalgues avec des bassins raceway à un site de production de biogaz, le coût de production de la biomasse serait d'environ 3,4 €·kg-1, beaucoup plus élevé que les prix du marché (0,3 - 0,9 €·kg-1). Outre les activités de biodégradation des effluents ; la valorisation de la biomasse microalgale uniquement par digestion anaérobie n'est pas rentable et devrait être combinée avec d'autres voies de valorisation pour développer une chaîne de production viable économiquement.