Financiarisation des entreprises et emploi. Une étude de la gestion des ressources humaines dans les établissements français de l'enquête Réponse 2016
Auteur / Autrice : | Evan Bertin |
Direction : | Corinne Vercher-Chaptal, Guillemette de Larquier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences économiques |
Date : | Soutenance le 08/12/2023 |
Etablissement(s) : | Paris 13 en cotutelle avec Université Sorbonne Paris Nord (Bobigny, Villetaneuse, Seine-Saint-Denis ; 1970-....) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Érasme (Villetaneuse, Seine-Saint-Denis) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'écononomie de Paris Nord (Villetaneuse) |
Jury : | Président / Présidente : Antoine Rebérioux |
Examinateurs / Examinatrices : Sandra Rigot | |
Rapporteur / Rapporteuse : Florence Palpacuer, Corinne Perraudin |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
La thèse étudie l’impact de l’actionnariat de court-terme sur la gestion de l’emploi, au niveau des sites de travail des entreprises françaises, en contexte de financiarisation. Si l’impact des actionnaires de court-terme (caractérisés par un taux élevé de rotation de leur portefeuille) sur le niveau d’investissement des entreprises a fait l’objet de plusieurs travaux, leur incidence sur la gestion des ressources humaines et/ou les pratiques d’externalisation représente un sujet encore peu exploré. En outre, si l’on sait que l'hétérogénéité des investisseurs institutionnels est de nature à affecter diversement les pratiques de GRH, le rôle joué par les différents types d’investisseurs institutionnels (court terme versus long terme) n'a pas encore été étudié à l'aide d'outils statistiques. Dans cette optique, la thèse mobilise deux types de travaux : ceux portant sur la relation entre travail et actionnariat en tant que forme potentiellement influente de gouvernance d'entreprise d’une part, ceux basés sur des typologies d'investisseurs pour mieux comprendre la relation entre les structures de propriété et les pratiques d’emploi. Les hypothèses sont construites à partir de la littérature sur la financiarisation des entreprises, l’économie du travail et la gestion des ressources humaine. Elles sont testées grâce à des régressions linéaires utilisant la méthode des moindres carrés ordinaires. Ces traitements sont effectués sur une base de données originale construite à partir d’une enquête sur les conditions de travail et d’organisation dans des établissements de plus de 11 salariés représentatifs du secteur privé français (l’enquête Réponse), croisée à deux autres bases de données (la base Lifi, informant sur les liaisons financières entre les entreprises et la base Thompson Reuters Eikon sur l’actionnariat détaillé des sociétés cotés). Cela permet de remonter à la tête de groupe des établissements et de construire des indicateurs sur la structure de propriété. Le lien entre structure de propriété et emploi est testé en construisant quatre indicateurs rendant compte de pratiques de gestion des ressources humaines « financiarisées ». L’étude fournit des résultats probants quant à l’effet de la présence d’actionnaires de court terme et de fonds indiciels sur la gestion du travail des établissements appartenant à des entreprises cotées en bourse. Les résultats permettent de compléter la littérature existante sur les liens entre l’actionnariat et la gestion des ressources humaines dans les lieux de travail français. En testant l’hypothèse de long-terme prêtée aux fonds indiciels, les résultats nourrissent l’actualité de la recherche sur la financiarisation. La thèse prolonge les résultats statistiques sur le lien entre financiarisation et emploi en s’intéressant aux propositions politiques destinées à rééquilibrer le rapport capital-travail au sein des entreprises. Appliquées au cas des entreprises françaises, la thèse conclue que la responsabilisation sociale, incarnée par le statut de société à mission (Loi Pacte), et la participation des salariés au conseil d’administration (codétermination) ne permettent pas d’apporter un contrepoids suffisant à l’effet de la financiarisation des entreprises sur l’emploi.