Comment le commoning peut-il faire émerger une infrastructure en tant qu’espace de professionnalisation artistique ? Le cas d’un artist-run space
Auteur / Autrice : | Laura Aufrere |
Direction : | Corinne Vercher-Chaptal, Philippe Eynaud |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de gestion |
Date : | Soutenance le 13/12/2023 |
Etablissement(s) : | Paris 13 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Érasme (Villetaneuse, Seine-Saint-Denis) |
Jury : | Président / Présidente : Gérôme Guibert |
Examinateurs / Examinatrices : Nathalie Moureau, Philippe Bouquillion | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Olivier Germain, Véronique Perret |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Les communs culturels émergent, dans les années 2000, en réaction à l'extension de la propriété intellectuelle. Les commoners défendent la culture libre qui s'organise via des communautés en ligne, et valorisent les pratiques en amateur contre le modèle de professionnalisation imposé par les industries culturelles et créatives. Parallèlement à ce mouvement, des professionnels du secteur artistique et culturel défendent une professionnalisation alternative, non marchande, organisée collectivement sur la base de principes auto-gestionnaires. Dès les années 1970, des communautés d'artistes revendiquent l'usage et la gestion autonome et collective de lieux intermédiaires et indépendants ou d'artist-run spaces. Ce qui rassemble ces lieux est la volonté des artistes de maîtriser des espaces de professionnalisation issus de l'auto-gestion. Ces revendications professionnelles n'ont encore jamais été étudiées depuis la perspective des communs culturels, dont le mobile d'action se concentre à l'origine sur la libre circulation des œuvres et la promotion des pratiques artistiques en amateur. La thèse rapproche les modèles organisationnels défendus par les professionnels revendiquant leur indépendance du mouvement des communs culturels. Précisément, la thèse considère les référents déontologiques mobilisés par ces professionnels comme des éléments structurants des dynamiques de commoning dans le secteur artistique. Le cadre théorique de la thèse rapproche la théorie des communs du tournant spatial en sciences de gestion et des studio studies pour étudier comment des artistes organisent collectivement des espaces de création au service d'une professionnalisation alternative, en marge de celle pilotée par le marché de l'art et/ou les institutions publiques. La thèse s'appuie sur l'étude monographique et longitudinale d'un collectif d'artistes (le Wonder) dont l'organisation évolue au rythme des occupations temporaires de bâtiments qui abritent leurs ateliers. La communauté étudiée cherche à organiser un usage du bâtiment de suffisamment longue durée pour permettre l'installation de moyens matériels professionnels spécialisés. Une infrastructure de professionnalisation émerge, comme ressource partagée, gérée collectivement, dont le fonctionnement peut être éclairé par la théorie des communs. Les résultats montrent comment les processus de commoning propres au collectif d'artistes constituent des dynamiques de professionnalisation qui intègrent des revendications déontologiques à travers la gestion d'une infrastructure culturelle. L'étude de la spatialisation du commoning de professionnalisation permet d'éclairer la diversité des pratiques qui constituent l'infrastructure au-delà des règles d'usage. La thèse apporte une contribution au champ des communs culturels, en offrant des éléments de compréhension relatifs à leur organisation dans une perspective de professionnalisation.