La question de la faim dans les écrits d’Augustin d’Hippone aux IVe et Ve siècles
Auteur / Autrice : | Rasia Bouanga |
Direction : | Hervé Inglebert |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire et archéologie des mondes anciens |
Date : | Soutenance le 20/12/2023 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Espaces, Temps, Cultures (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Archéologies et sciences de l'Antiquité (Nanterre ; 1999-....) |
Jury : | Président / Présidente : Étienne Wolff |
Examinateurs / Examinatrices : Hervé Inglebert, Étienne Wolff, Christophe Badel, Anna Leone | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Christophe Badel, Anna Leone |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Comparée à l’intérêt des chercheurs pour l’étude des problèmes sociaux et religieux dans l'Afrique romaine, la question de la faim a été généralement négligée, probablement à cause d’un jugement positif porté sur la prospérité de la région. Cependant, malgré un contexte généralement favorable décrit par Claude Lepelley en 1981, la pauvreté fut présente dans l’Afrique de l’Antiquité Tardive, comme représentation et comme réalité, ce que tente d’explorer cette recherche à partir de l’œuvre d’Augustin d’Hippone. Le thème de la faim, lié à celui de la pauvreté, est à la jonction de l'histoire sociale et des représentations mentales. La question de la pauvreté dans l’Antiquité tardive fut analysée en 1974 par Évelyne Patlagean, qui insistait sur sa réalité, puis par Peter Brown en 2002, qui y voyait plutôt un thème privilégié du discours des évêques qui se présentaient en patron des pauvres. Ces deux aspects des réalités et des représentations sont à prendre en compte. D’une part, si la faim concernait les pauvres, elle fut également un problème socio-politique pour les élites dirigeantes des cités qui devaient faire face aux pénuries dans un monde ancien où les forces de l'ordre étaient limitées. Dans ce contexte, il était plus prudent de prévenir la question de la faim, grâce à la possibilité qu’offrait un marché méditerranéen des céréales, que de la résoudre ; la question de l'approvisionnement et de l'alimentation des grandes villes a déjà été bien étudiée pour le Haut Empire (Garnsey, Virlouvet) et pour l’empire tardif (Jaïdi). D’autre part, le développement du discours chrétien au IVe siècle, encouragé par les empereurs chrétiens depuis Constantin, a modifié le regard sur la pauvreté et la faim. Nous avons étudié la question de la faim en Afrique dans les écrits d’Augustin d’Hipponeselon diverses perspectives : la dimension sociale d'une réalité touchant les pauvres, les interprétations métaphoriques des mentions de la faim présentes dans les textes bibliques, les discours religieux visant à un appel à la charité, et les institutions visant à répondre au problème de la faim. Les limites chronologiques de notre étude correspondent aux années 360-430, période bien documentée par Ammien Marcelin mais surtout par les écrits d'Augustin d’Hippone, principalement le sermonnaire et la correspondance. Grâce à la base de données textuelles en ligne Brepolis, nous avons pu localiser 341 exemples d’allusions à la faim, la soif et la famine chez Augustin, qui forment notre corpus, analysé en trois parties : la faim en tant que problème théologique (chapitres 1-3) ; la faim comme une réalité voulue (chapitres 4-5) ; la faim comme une réalité subie (chapitres 6-7). En conclusion on peut noter que la faim au temps d’Augustin, est une réalité qui a permis au chrétien de tester sa foi, son espérance et sa charité.