Nourrir la vie (yangsheng) au Mont Qingcheng : lieux saints, communautés taoïstes et pratiques d'ascèse dans l'émergence d'un marché de la longévité autour du dieu médecin Yaowang Sun Simiao (Sichuan, Chine populaire)
Auteur / Autrice : | Hélène Bloch |
Direction : | Adeline Herrou |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Anthropologie |
Date : | Soutenance le 18/12/2023 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Espaces, Temps, Cultures (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire d'ethnologie et de sociologie comparative (Nanterre ; 1967-...) |
Jury : | Président / Présidente : Emma Aubin-Boltanski |
Examinateurs / Examinatrices : Adeline Herrou, Emma Aubin-Boltanski, Guillaume Rozenberg, Franciscus Verellen, Ismaël Moya, Hans Steinmüller | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Guillaume Rozenberg, Franciscus Verellen |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Cette étude porte sur les mutations d’une célèbre montagne taoïste, le Mont Qingcheng au Sichuan (Sud-Ouest de la République populaire de Chine), aux prises avec les reconfigurations de son économie. Elle prend pour point de départ le commerce des techniques et des savoirs de longévité regroupés sous le terme de « nourrir la vie » (yangsheng 养生), notion fondamentale de l’ascèse taoïste d’immortalité, et dont la récupération par le gouvernement local est typique de la marchandisation du religieux pilotée par l’État chinois depuis les années 1980. En me fondant sur des enquêtes ethnographiques menées dans la région et sur l’analyse de sources écrites (monographies locales, littérature grise, collections légendaires, hagiographies taoïstes), je définis les transformations à l’œuvre sur ce territoire et au sein de ses communautés religieuses. Les usages du Mont Qingcheng le situent à la croisée du circuit de pèlerinage, du site patrimonial, et du centre monastique taoïste. Il s’agit d’abord de dessiner les contours sociaux et religieux de ce complexe saint ayant traversé la Révolution culturelle, et bien plus tard le Grand séisme du Sichuan. Ensuite, la problématique des arts de longue vie m’amène à m’intéresser particulièrement au temple dédié au Roi des remèdes Sun Simiao (Yaowang Sun Simiao 药王孙思邈), avatar divin d’un éminent médecin du VIIe siècle. Cet ancien sanctuaire villageois récemment intégré au Mont Qingcheng taoïste se retrouve au cœur de « l’industrie du yanghseng » (yangsheng chanye 养生产业), méga-secteur économique développé par les autorités régionales depuis 2015. Yaowang Sun Simiao est ainsi en train de devenir la figure tutélaire du nouveau marché de la longévité, et son temple un révélateur des interrelations entre économie, religion, politique et société dans la Chine contemporaine.