Thèse soutenue

Dans les fumées sacrées : productions, usages et représentations des encensoirs en France (XIIe-XVIIe s.)

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Auteur / Autrice : Aude Chevalier
Direction : Brigitte Boissavit-Camus
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire de l'art
Date : Soutenance le 15/12/2023
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Espaces, Temps, Cultures (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Équipe Espaces, pratiques sociales et images dans le monde grec et romain (Nanterre)
Jury : Président / Présidente : Pascale Chevalier
Examinateurs / Examinatrices : Brigitte Boissavit-Camus, Pascale Chevalier, Sylvie Balcon-Berry, Jean-Pierre Caillet, Alain Rauwel, Frédéric Tixier
Rapporteurs / Rapporteuses : Pascale Chevalier, Sylvie Balcon-Berry

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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L’encens était apprécié des sociétés antiques pour ses propriétés odoriférantes et thérapeutiques. Utilisé dans le cadre de cérémonies funéraires afin de lutter contre la putréfaction des corps, son usage s’est progressivement étendu aux cérémonies cultuelles comme offrande aux divinités. L’élévation de sa fumée vers les cieux évoquait un lien entre la terre – lieu de résidence des humains – et le ciel – lieu de résidence des divinités. En tant que contenant de l’encens en combustion, l’encensoir devint un instrument indispensable de la liturgie, et fut adopté dans les cérémonies chrétiennes. Ce n’est cependant qu’au terme d’un débat théologique long de plusieurs siècles que son usage aurait été accepté par l’ensemble de la communauté chrétienne et s’est pérennisé jusqu’à nos jours.Pourtant, malgré une reconnaissance générale de son utilisation dans le culte, les connaissances autour de ces objets, et notamment ceux en métaux non précieux, sont disparates, car le sujet semble avoir peu intéressé. En témoignent les datations et provenances aléatoires qui sont attribuées à ces objets en fonction de leur lieu de conservation. Ils ont, en effet, longtemps été ornés de motifs évoquant l’esthétique médiévale et ce bien après la fin de la période, ce qui brouille l’analyse. Afin d’y remédier et de saisir les principales étapes de leurs évolutions, nous avons examiné différentes facettes des encensoirs, mais notre recherche a délaissé, sauf à titre de contextualisation et de comparaison, les productions les mieux étudiées, pour se concentrer sur les productions métalliques plus banales en alliages cuivreux produites en France du XIIe au XVIIe siècle.Nous avons démarré notre enquête au XIIe siècle, car aucun témoin matériel antérieur n’a pu être repéré, et la terminons au XVIIe siècle. Cette seconde borne temporelle s’appuie sur deux arguments, un technologique et l’autre esthétique. Le XVIIe siècle marque la fin de l’utilisation d’une ornementation médiévale sur les encensoirs, mais c’est également à cette période que la bossetterie remplace temporairement la fonte pour les productions les moins prestigieuses. L’échelle d’analyse de cette étude a été double grâce à la constitution de deux corpus de témoins matériels l’un portant sur l’ensemble du territoire français (corpus A) et le second sur un territoire présentant un nombre important d’items et des problématiques intéressantes : l’Auvergne (corpus B). Cela a permis de garder une perspective spatiale double et complémentaire.Ce travail se divise en trois grandes parties, une première s’attache à édifier la base méthodologique de ce travail en s’attardant sur les problématiques spécifiques à l’étude des encensoirs (chapitre 1), puis en expliquant la méthodologie d’enquête utilisée. Des corpus de différentes natures ont ainsi été constitués : deux corpus d’objets, un corpus de représentations d’encensoirs et enfin une enquête archivistique également menée en Auvergne (chapitre 2). Le dernier chapitre dresse un état de l’art des études sur l’encens et les encensoirs (chapitre 3). La deuxième partie de cette étude consiste en une enquête documentaire et matérielle. Le chapitre 4 expose les principaux usages de l’encensoir ainsi que ses symboliques liturgiques vues aussi bien par l’analyse de traités liturgiques que de représentations de ces objets. Le chapitre 5 constitue une étude complète des deux corpus d’objets constitués aussi bien d’un point de vue stylistique que de datation ou de provenance. La dernière partie de cette thèse constitue une analyse du contexte socio-économique entourant à ces objets. Le chapitre 6 tente de reconstituer la chaîne opératoire des encensoirs depuis la circulation des matières premières jusqu’à leur réparation. Enfin, les deux derniers chapitres s’intéressent à la postérité des encensoirs médiévaux, qu’il s’agisse de leur réception critique au XIXe siècle (chapitre 7) ou de leur conservation jusqu’à nos jours (chapitre 8).