Dispositifs spatiaux de la '' ville hostile'' et tactiques de résistance urbaine : marges, situations, interstices
Auteur / Autrice : | Joffrey Paillard |
Direction : | Manola Antonioli |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Architecture et Ville |
Date : | Soutenance le 14/12/2023 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Espaces, Temps, Cultures (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire Architecture, ville, urbanisme, environnement (Nanterre, Hauts-de-Seine, France ; 2010-....) |
Jury : | Président / Présidente : Éric Le Coguiec |
Examinateurs / Examinatrices : Manola Antonioli, Éric Le Coguiec, Luc Gwiazdzinski, Catherine Deschamps, Florence Bouillon, Thibaut Besozzi, Catherine Chomarat | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Luc Gwiazdzinski, Catherine Deschamps |
Mots clés
Résumé
Pics, cailloux, potelets, grilles, pentes, agencements végétalisés, assises individuelles ou individualisées... Et si l’aménagement de l’espace public et la conception architecturale favorisaient l’exclusion et la peur de l’autre selon un double régime d’esthétique et de convivialité ; de sécurité et de défense par la production d’espaces (in)hospitaliers et l’implantation de dispositifs spatiaux hostiles ? Avec ce travail de thèse, nous aimerions faire l’hypothèse que la ville, en voulant chasser l’indésirable produit dans le même temps de l’indésirabilité. Notre analyse critique porte sur le design urbain comme possibilité d’une convivialité excluante et marginalisante. Nous souhaitons proposer un questionnement sur le design urbain à Paris en prenant comme point de départ les grands travaux d’Haussmann dès 1853. Effectivement, nous pensons que cette date clé à modifiée en profondeur l’organisation urbaine de cette ville, avec entre autres l’arrivée du courant hygiéniste, compris comme la spécification et la distribution des pratiques sociales en lien avec les pratiques spatiales. En effet, nous aimerions, avec le design urbain comme outil d’analyse critique de la ville, proposer un questionnement sur l’accueil et l’hospitalité des un·e·s comme forme d’invisibilisation des autres au sein de l’espace public. Ce travail de recherche souhaite poursuivre et approfondir les réflexions menées sur les liens entre les évolutions des espaces publics et la régulation des personnes dites marginales, ou marginalisées. Pour ce faire, l’accent est porté sur l’échelle micro du territoire et des relations sociales en se concentrant essentiellement sur les espaces publics que l’on peut qualifier comme des espaces quotidiens, ordinaires, de proximité, voire banals. Il est question d’interroger les rapports de pouvoir à l’œuvre dans la quotidienneté des usagers et des usagères de la ville par le prisme du design urbain, de l’aménagement de l’espace, de l’architecture, en requestionnant de manière critique la dialectique discipline/sécurité théorisée par Michel Foucault. Or, si le pouvoir semble assigner des places et des trajectoires aux plus démuni·e·s par le tri des comportements et la distribution des corps au sein de l’espace public, il nous faudra aussi regarder les actes de résistance, perçus comme des ruses, des stratagèmes et des détournements des dispositifs spatiaux de pouvoir urbains. Ces espaces seront envisagés comme des situations où peuvent se concrétiser des « manières de faire » autrement, des « espaces des possibles » pour des subjectivités marginalisées, nomades, déterritorialisées. Cette réflexion nous fait dire que de l’inhospitalité urbaine et de l’hostilité spatiale, induites par un design urbain hostile, naissent des « marginalités créatives » qui permettent de repenser les rapports de force et de recréer de nouveaux espaces d’accueil et accueillants, d’inclusion et inclusifs, d’hospitalité et hospitaliers.