Genrer les « Malgré-Nous » et les « Malgré-Elles » : espace militant et mises en récit de l'incorporation de force (de 1953 à 2018)
Auteur / Autrice : | Marie Janot-Caminade |
Direction : | Alexandra Oeser |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance le 05/12/2023 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Espaces, Temps, Cultures (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Institut des sciences sociales du politique (Nanterre ; Cachan, Val-de-Marne) |
Jury : | Président / Présidente : Sarah Gensburger |
Examinateurs / Examinatrices : Alexandra Oeser, Sarah Gensburger, Éric Fassin, Fabrice Virgili, Christelle Avril, Michelle Zancarini-Fournel | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Éric Fassin, Fabrice Virgili |
Mots clés
Résumé
Cette thèse prend pour objet d'étude la mémoire officielle des hommes et des femmes d'Alsace-Moselle incorporé-e-s de force dans les unités armées ou paramilitaires de la Wehrmacht pendant la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, des luttes militantes s'établissent en vue de l'obtention de la reconnaissance de celles et ceux qu'on appelle désormais les « Malgré-Nous » et les « Malgré-Elles ». Ces deux groupes sont présentés comme sexués, c'est-à-dire uniquement composés d'hommes ou de femmes, alors qu'ils sont en réalité mixtes. Les « Malgré-Nous » sont des hommes et des femmes affectés dans les unités militaires de la Wehrmacht quand les « Malgré-Elles » regroupent des hommes et des femmes des formations paramilitaires. À partir d'archives et d'entretiens, cette thèse envisage les luttes pour la reconnaissance des « Malgré-Nous » et des « Malgré-Elles » ainsi que leurs effets sur les mises en récit des témoins comme un véritable laboratoire de construction du genre. Dans premier temps, ce travail étudie l'évolution de l'espace militant de l'incorporation de force. Entre 1953 et 1994, cet espace se caractérise par des rapports de concurrence entre hommes militaires et paramilitaires issus des partis politiques de la droite française. Ceux-ci mobilisent des représentations genrées du « front » et de « l'arrière » et des revendications féministes, ce qui contribue à définir les « Malgré-Nous » et les « Malgré-Elles comme des catégories sexuées. Cette thèse met en exergue les conditions sociales et politiques qui, entre 1994 et 2008, permettent à des femmes politisées à la cause des femmes de remplacer les hommes à la tête des associations militant pour l'indemnisation des paramilitaires. Dans un second temps, cette thèse explore les effets de ces luttes sur les mises en récit réalisées par les hommes et les femmes incorporé-e-s de force entre 2012 et 2018. Elle révèle ainsi la performance de diverses féminités et masculinités. Celles-ci entrainent une véritable hiérarchisation des témoins qui ne s'effectue pas selon le sexe mais selon l'affiliation à un groupe dit « masculin » - les hommes et les femmes « Malgré-Nous » - et à un groupe dit « féminin » - les hommes et les femmes « Malgré-Elles ».