Thèse soutenue

Sous le feu : fonctions et usages de la poésie de la Grande Guerre

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Auteur / Autrice : Julia Ribeiro
Direction : Laurence CampaJudith Lyon-Caen
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langue et littérature françaises
Date : Soutenance le 18/11/2023
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, langues, spectacles (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 2000-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre des Sciences des Littératures en langue Française (Nanterre) - Centre des Sciences des Littératures en Langue Française / CSLF
Jury : Président / Présidente : Alain Vaillant
Examinateurs / Examinatrices : Laurence Campa, Judith Lyon-Caen, Alain Vaillant, Claude Millet, Nicolas Beaupré, Stéphane Audoin-Rouzeau, Nina Parish
Rapporteur / Rapporteuse : Claude Millet, Nicolas Beaupré

Mots clés

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Résumé

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Pendant la Grande Guerre, environ 700 poètes français, amateurs aussi bien que professionnels, se sont retrouvés « sous le feu », c’est-à-dire en zone des armées. Ils appartenaient à plus de 350 unités militaires différentes, combattantes ou pas, et ont publié environ 450 recueils poétiques pendant ou sur la guerre. Cette thèse examine leurs parcours et ces recueils pour donner une vue d’ensemble de la poésie française de la Première Guerre mondiale à partir de ses fonctions et usages. Elle historicise l’oubli que cette pratique poétique a subie, notamment si on la compare à la très populaire war poetry anglaise, et offre quelques hypothèses pour l’expliquer : la concurrence avec la prose, la politisation des mouvements d’anciens combattants dans l’entre-deux-guerres, la mythologisation des poètes morts et le déni de la guerre par les surréalistes. Pour s’opposer à cette mise à l’écart, la présente recherche mobilise les outils des humanités numériques, et notamment la base de données relationnelle Poésie Grande Guerre, pour établir une recension inédite de poètes, abordant la question à partir du point de vue de la construction d’un corpus plutôt que de l’établissement d’un canon. Deux catégories nouvelles émergent de cette construction : « poètes sous le feu » et « poète de guerre sans poème de guerre », démontrant que la poésie doit être étudiée comme une catégorie sociale et comme une pratique culturelle. Finalement, l’étude part d’une approche anthropologique pour déterminer les fonctions de la poésie sous le feu. Premièrement, cette dernière s’invente, faisant converger le bon poète et le bon soldat et s’inspirant des poètes morts au champ d’honneur pour créer un mythe autour de la poésie de guerre. Deuxièmement, cette poésie crée des liens sociaux, qui peuvent être d’identité ou d’altérité. Elle crée aussi un ancrage historique, se servant de modèles poétiques mais aussi d’imaginations de l’avenir pour situer le présent guerrier par rapport au passé et au futur. La poésie sous le feu fait également la médiation de la guerre, que cela soit celle de l’espace géographique du front, celle de l’expérience de combat ou encore une médiation entre morts et vivants. Finalement, cette poésie sert à connaître et à comprendre la guerre, mettant en œuvre des véritables descriptions denses de celle-ci et, en même temps, fonctionnant comme un modèle de et un modèle pour l’expérience et la culture de la guerre.