Thèse soutenue

Usages politiques de l'apolitisme sportif : entre institution partisane et institution municipale : une socio-histoire de la prise en charge des activités physiques et sportives par le Front national-Rassemblement national (1972-2022)

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Auteur / Autrice : Valentin Guéry
Direction : Olivier Le Noé
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences et techniques des activités physiques et sportives
Date : Soutenance le 03/07/2023
Etablissement(s) : Paris 10
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences du sport, de la motricité et du mouvement humain (Gif-sur-Yvette, Essonne ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des sciences sociales du politique (Nanterre ; Cachan, Val-de-Marne)
Jury : Président / Présidente : Julien Fretel
Examinateurs / Examinatrices : Olivier Le Noé, Julien Fretel, Marion Fontaine, Marina Honta, Stéphane Beaud, Nonna Mayer
Rapporteurs / Rapporteuses : Marion Fontaine, Marina Honta

Résumé

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En prenant appui sur l’abondante littérature des usages nationalistes du sport par différents régimes politiques et de l’élaboration de discours qui envisagent le sport comme support d’une banalisation du nationalisme, cette thèse s’intéresse à la manière dont sont pensées et qualifiées politiquement les activités physiques et sportives par le Front national/Rassemblement national, parti qui place la défense de la nation au cœur de son corpus idéologique, depuis 1972. Dans une perspective socio-historique, les analyses produites dans le cadre de ce travail interrogent les processus de politisation et de dépolitisation à l’œuvre dans la saisie d’enjeux sportifs par une institution partisane, en particulier ici le FN/RN. Comment des acteurs politiques, à différentes échelles, se positionnent-ils face aux normes tacites de l’apolitisme sportif qui contribuent à la diffusion de croyances faisant du sport un espace consensuel, irénique et apolitique ? La thèse qui sera défendue tout au long des chapitres tient à la difficile conciliation entre deux registres contradictoires, à savoir d’un côté une conformation à des pratiques, des représentations et des discours inhérents aux activités physiques et sportives largement partagés au sein du champ politique, et de l’autre une démarcation qui se caractérise par des entreprises de politisation et une remise en cause de la frontière entre espaces politique et sportif, autrement dit par une rupture du consensus de l’apolitisme sportif. Nous rendrons compte des usages différenciés de ces deux registres par de multiples acteurs, à des périodes et dans des lieux différents, en particulier dans la manière dont se conjuguent l’institution partisane et l’institution municipale dans la mise en œuvre des politiques sportives locales et dans la circulation des idées « sportives ». Outre la réalisation de deux monographies sur des villes dirigées par le FN/RN, l’objectivation de notre propos se fait à travers une analyse archivistique, une analyse de corpus d’articles de presse et la réalisation d’entretiens avec des cadres nationaux du parti, des élus locaux et des dirigeants associatifs sportifs (n = 81). Plus largement, si la thèse constitue une réflexion sur les enjeux de désignation d’une frontière entre espaces sportif et politique, l’entrée thématique par le sport, thème largement marginalisé en sociologie politique, apporte une contribution à la sociologie du FN/RN, plus largement des institutions partisanes, mais également à l’étude des processus de politisation et dépolitisation dont nous montrons qu’ils sont enchevêtrés. Celle- ci permet en outre de faire tenir ensemble des dimensions souvent appréhendées séparément dans l’étude des partis politiques : organisationnelle, idéelle, multiscalaire et sociographique.