Invalides français et disabled veterans états-uniens aujourd'hui : une reconnaissance sociale inégale ?
Auteur / Autrice : | Anne-Lise Dall'Agnola |
Direction : | Dominique Memmi |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance le 11/12/2023 |
Etablissement(s) : | Paris 8 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences sociales (Saint-Denis, Seine-Saint-Denis ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris |
Jury : | Président / Présidente : Bruno Cabanes |
Examinateurs / Examinatrices : Grégory Daho, Marie Cartier | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Yannick Barthe, Marie Buscatto |
Résumé
Aux États-Unis et en France, les (anciens) militaires en situation d’invalidité liée à l’exercice de leur profession sont inégalement représentés dans l’espace public et les médias. Là où les disabled veterans états-uniens sont très présents, les invalides français semblent absents du monde social. Grâce à une enquête de terrain menée dans les deux pays auprès de personnels de recrutement des forces armées (48), de responsables d’associations d’anciens militaires (23), d’invalides (16) et de disabled veterans (16), complétée par des observations, un travail d’archives et une analyse sémiotique des campagnes de recrutement de l’US Army et de l’armée de Terre, cette recherche montre que cet écart est le résultat de plusieurs facteurs. …/…Il résulte d’abord des capacités inégales des Armées à produire des discours sur elles-mêmes aptes à remporter l’adhésion du public à présent qu’elles sont devenues des troupes professionnelles. Mais cet écart résulte surtout de causes matérielles. Il existe en effet des différences de fond dans les systèmes de protection sociale et dans les associations qui défendent et prennent en charge les combattants, les invalides, les veterans et les disabled veterans dans les deux pays. Les disabled veterans sont ainsi plus visibles que leurs homologues français parce que c’est là la condition de leur prise en charge. Par conséquent, les associations qui les représentent travaillent activement à leur visibilisation : d'une part pour maintenir la légitimité sociale de la catégorie administrative et sociale de ''veteran'' qui leur accorde des droits sociaux réservés ; d'autre part parce que ces associations dépendent de cette visibilité pour sécuriser leurs revenus. En France, où la citoyenneté sociale n'est pas conditionnée au passage sous les drapeaux et où les associations sont à la fois financièrement autonomes et regroupées au sein d'un entre-soi combattant aux liens étroits, elles cultivent au contraire la discrétion.