Prendre la parole et produire des savoirs par la radio : une recherche transformatrice avec des personnes en quête de refuge
Auteur / Autrice : | Séréna Naudin |
Direction : | Jane Freedman, Cristina Del Biaggio |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance le 19/10/2023 |
Etablissement(s) : | Paris 8 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences sociales (Saint-Denis, Seine-Saint-Denis ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris |
Jury : | Président / Présidente : Cécile Canut |
Examinateurs / Examinatrices : Kirsten Koop | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Emilie Da Lage-Py, Baptiste Godrie |
Mots clés
Résumé
Cette thèse puise dans les épistémologies postcoloniales, décoloniales et féministes pour analyser les formes de la violence épistémique vécue par les personnes en demande d’asile et pour étudier les conditions d’une recherche transformatrice organisée par un atelier radio. Dans la procédure de demande d’asile, sa prise en charge et dans les rapports sociaux du quotidien, la parole de ces personnes est empêchée et leurs capacités de sachantes sont niées. Du fait de relations asymétriques ancrées dans des rapports de pouvoirs, les chercheur·es en sciences sociales peuvent reproduire des oppressions épistémiques et perpétuer des dominations. La reconnaissance de la parole est essentielle dans la lutte contre les injustices épistémiques, ainsi j’ai mis en place avec Karine Gatelier un atelier radio avec des personnes ayant fait une demande d’asile en France. Cette activité, menée sous la forme d’une action-recherche portée par l’association Modus Operandi, avait pour ambition d’organiser les conditions d’émergence de leur prise de parole et de transformer les relations des étranger·es subalternisé·es et des établi·es et de produire des savoirs avec elles. Cette thèse analyse cette expérimentation méthodologique conduite à Grenoble (2017 et 2022). Elle étudie l’articulation de différents espaces de parole pour partager et élaborer des analyses, fabriquer des récits collectifs et créer les conditions de l’écoute de personnes établies. Cette recherche montre que la construction de savoirs situées depuis la perspective de personnes marginalisées par des politiques migratoires racistes et colonialistes est un moyen de faire entendre des voix réduites au silence.