Thèse soutenue

Pour un regard exilique : déplacements identitaires et esthétiques dans le cinéma de Ghassan Salhab, Abderrahmane Sissako, Elia Suleiman et Tariq Teguia

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Nizar Bessi
Direction : Sylvie Rollet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études cinématographiques et audiovisuelles
Date : Soutenance le 29/11/2023
Etablissement(s) : Paris 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Arts et médias (Paris ; 1997-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de recherche sur le cinéma et l'audiovisuel (Paris)
Jury : Président / Présidente : Giusy Pisano
Examinateurs / Examinatrices : Sylvie Rollet, Giusy Pisano, Silvestra Mariniello, Corinne Maury, François Laplantine, Matthias Steinle
Rapporteur / Rapporteuse : Silvestra Mariniello, Corinne Maury

Résumé

FR  |  
EN

L’étude porte sur les manifestations singulières de l’exil dans l’œuvre de Ghassan Salhab, Abderrahmane Sissako, Elia Suleiman et Tariq Teguia. Si la littérature sur le sujet a longtemps mis l’accent sur des films portant sur l’exil ou réalisés en exil, nous soutenons l’idée que les échanges fructueux entre cinéma et exil peuvent également concerner des films tournés dans le pays d’origine ou abordant des thématiques autres que celle de l’exil. Ce qui fait l’originalité de l’œuvre étudiée, c’est moins une exposition des flux migratoires et des phénomènes de mobilité que la mise en avant d’un « regard exilique », c’est-à-dire une manière décalée et poétique d’appréhender le monde (et le cinéma) à partir de l’expérience du déplacement et de l’entre-deux. À la différence des discours pessimistes sur l’exil et la migration, les cinéastes de notre corpus revendiquent la possibilité de transformer les sentiments de vide et d’absence en énergie créatrice, capable de bousculer les frontières entre le Nord et le Sud, l’ici et l’ailleurs, le champ et le hors-champ. Il s’agit pour eux de concevoir le cinéma comme vecteur de nouvelles propositions identitaires et esthétiques qui se distinguent aussi bien des « stéréotypes dominants » que des « mythes nationaux ».D’une identité collective qui se prétend stable et unique, on passe à une identité singulière, mouvante et plurielle, qui favorise le métissage entre le documentaire et la fiction, le sérieux et l’humour ou encore le cinéma et les autres arts. La recherche formelle devient en soi une occasion pour interroger les limites culturelles et explorer toutes les puissances du médium, tant d’un point de vue éthique, esthétique, que politique. Contrairement au didactisme du cinéma militant, la résistance exilique prend une forme implicite et métaphorique, qui accorde une attention particulière à l’activité et à l’émancipation du spectateur.