Lire l’œuvre plastique et poétique de Robert Filliou
Auteur / Autrice : | Emma Gazano |
Direction : | Pascal Mougin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature et civilisation françaises |
Date : | Soutenance le 01/12/2023 |
Etablissement(s) : | Paris 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Littérature française et comparée (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Théorie et histoire des arts et des littératures de la modernité (Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Alexandre Gefen |
Examinateurs / Examinatrices : Pascal Mougin, Alexandre Gefen, Jérôme Glicenstein, Tiphaine Samoyault, Laurence Corbel | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Jérôme Glicenstein, Tiphaine Samoyault |
Mots clés
Résumé
Figure légendaire de lʼart des années soixante et satellite Fluxus, Robert Filliou reste largement ignoré des littéraires, et ce en dépit du caractère « écrit » de son œuvre. Une fois ressaisi dans une histoire transdisciplinaire et conflictuelle, lignages déniés et héritiers clandestins aideront à mieux comprendre celui qui fuyait les assignations disciplinaires et produisait une forme dʼapathie critique. Lʼunique ambition de cet « art philosophique » fut lʼinstauration de formes de la co-création, soit une définition de lʼactivité poétique et une formation du lecteur à son exercice, plein et libre. Le poème, en tant quʼexercice spirituel et procédé dʼÉveil, sʼinscrit dans lʼespace et le temps quotidiens et devient support de méditation. Il tend à produire une intériorisation de la participation, rendant cette dernière obsolète, dans une culture bouddhiste dʼéchange de tous à tous, sans intermédiaire verbal et sans figure du sujet lyrique. Ce combat permanent avec une aspiration au Neutre, au retrait, transforme la production poétique et lui donne progressivement la texture de la vie. Lʼœuvre de Filliou devient alors cette mise en scène dʼun déchirement et prend une valeur hautement réflexive. La pratique poétique de lʼindividuation, inspirée des conceptions de Dewey sur lʼexpérience, veut parvenir à lʼévaporation de lʼart, de ses produits et de ses noms. Lʼécriture, attentionnelle, devient une mise au présent, ramassée dans des dispositifs, comme le furent aussi les pratiques infra-ordinaires de Georges Perec. Cʼest ce que fait Filliou à la littérature qui nous occupe ici ; comment, avec ou sans elle parfois, il crée un dispositif dʼexistence, outil de sa propre disparition.