Thèse soutenue

Les formes de la théâtralité dans les trois cycles filmiques d'Eric Rohmer : "Six Contes moraux", "Comédies et Proverbes", "Contes des quatre saisons".

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Auteur / Autrice : Eliane Thépot-Foissy
Direction : Gilles Declercq
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études théâtrales
Date : Soutenance le 17/10/2023
Etablissement(s) : Paris 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Arts et médias (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de recherches en études théâtrales (Paris)
Jury : Président / Présidente : Catherine Naugrette-Christophe
Examinateurs / Examinatrices : Gilles Declercq, Catherine Naugrette-Christophe, Marc Cerisuelo, Hervé Joubert-Laurencin, Noël Herpe, Antoine de Baecque
Rapporteurs / Rapporteuses : Marc Cerisuelo, Hervé Joubert-Laurencin

Résumé

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Des « Six Contes moraux » aux « Comédies et Proverbes », des « Comédies et Proverbes » aux « Contes des quatre saisons » se déploie une œuvre organisée par cycles dont le centre, toujours réactivé de film en film, est constitué par la question du désir, de ses excès et de ses manques. Comment ce cinéma, marqué par une esthétique classique privilégiant le naturel, peut-il donner passage à une théâtralité ? Théâtralité précisément dont l'apparition et les modalités détermineront notre étude de l'oeuvre rohmérienne, dont la cohérence formelle s'appuie sur les principes d'un cinéma vérité initié au mitan des années 1900 par les auteurs de la Nouvelle Vague, et que nous interrogerons principalement de manière à dégager les conditions, les formes et les effets d'une esthétique privilégiant, de film en film, une dramaturgie de la parole et du regard. Nous étudierons dans cette perspective les mises en scène de la parole et du corps dans leur rapport avec les lieux, envisageant la manière dont ce cinéma construit ses personnages au travers d'un théâtre de l'être en rapport étroit avec des procédés de valorisation par l'image. Recourant à des cadrages privilégiant la saisie du corps et de ses émotions, articulant par ailleurs les intrigues en étapes marquées par une forte dramaticité, ce cinéma fait, enfin, intervenir une esthétique de la fascination qui n'est, en dernier ressort que le reflet, sans cesse thématisé dans le film, d'une identification par le cinéaste du cinéma comme une quête toujours relancée de la beauté du monde. L'usage dramaturgique du ressort du hasard, principe équivalent, sur le plan de l'intrigue, au deus ex machina, permettra, le cas échéant, de transformer la quête déceptive du personnage en la joie de la découverte que l'Autre était celui, ou celle, que l'on attendait. Et si, dans un tel cadre narratif, le risque existe d'une forme excessive de sentimentalité, c'est, précisément, par le caractère dynamique que la théâtralité lui confère, que l'oeuvre y échappe, jouant de tous les ressorts de la surprise, de la variation des registres et des tonalités, introduisant enfin une certaine ironie dans le décalage entre le montré – l'image – et le dit – le discours.