Montaigne et les traditions de consolation, « pour moy, ou pour un autre »
Auteur / Autrice : | Rémi Ordynski |
Direction : | Michel Magnien |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature et civilisation françaises |
Date : | Soutenance le 10/06/2023 |
Etablissement(s) : | Paris 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Littérature française et comparée (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Formes et idées de la Renaissance aux Lumières (2005-... ; Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Philippe Desan |
Examinateurs / Examinatrices : Michel Magnien, Philippe Desan, Dominique Brancher, Nathalie Dauvois, Claudie Martin-Ulrich, Alexandre Tarrête | |
Rapporteur / Rapporteuse : Philippe Desan, Dominique Brancher |
Résumé
La critique récente a ouvert la voie à une meilleure compréhension des traditions antiques de consolation et de leurs modalités de résurgence à la Renaissance. La présente thèse propose d’en analyser l’influence sur l’écriture de Montaigne, de l’édition des œuvres de La Boétie de 1571-1572 jusqu’à celle des Essais de 1595. Cet héritage ne passe pas seulement par la lecture et la réécriture de textes antiques, mais également par le dialogue avec des pratiques contemporaines de l’auteur, à la fois sociales, philosophiques et scripturaires. L’essai des traditions consolatoires se manifeste par un examen critique de celles-ci mais également par une expérience mouvante et protéiforme, ainsi que par une véritable mise à l’épreuve de ces procédures. Multipliant les références au thesaurus consolatoire tout en cultivant l’infraction, l’infléchissement et le dévoiement, Montaigne met à mal ces traditions sans jamais les congédier définitivement. Une lecture rhétorique des Essais, à la lumière des préceptes d'écriture consolatoire appliqués aux lettres (Érasme, Fabri), à la poésie (Scaliger) ou aux discours (Vossius, Keckermann), révèle en effet la pratique, jusque dans les derniers chapitres et sur l’Exemplaire de Bordeaux, d’un type de parénèse que l’ironie ne suffit pas à disqualifier. Ce mode de discours met en relation un « je » et un « tu » qui ne se superposent pas exactement avec l’auteur et le lecteur. Dans cet espace – ce jeu –, s’instaure la recherche d’une autonomie et d’une singularité dans la façon de se dire et de se vivre, processus qui n’a de sens que dans la mesure où il requiert et sollicite l’autre.