Thèse soutenue

Belles-mères et reines-sorcières : ambivalence, violence et subversion de l’intrigue mère/fille dans les réécritures contemporaines de contes de fées

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Auteur / Autrice : Apolline Weibel
Direction : Isabelle Alfandary
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études du monde anglophone
Date : Soutenance le 06/01/2023
Etablissement(s) : Paris 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Mondes Anglophone, Germanophone, Iranien, Indien et Etudes Européennes (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Langues, Textes, Arts et Cultures du Monde Anglophone
Jury : Président / Présidente : Sylvie Bauer
Examinateurs / Examinatrices : Isabelle Alfandary, Sylvie Bauer, Jean-Michel Ganteau, Ronan Ludot-Vlasak
Rapporteurs / Rapporteuses : Sylvie Bauer, Jean-Michel Ganteau

Résumé

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Alors que les contes de fées cherchent désormais à émanciper leurs héroïnes du carcan des genres, le maternel se distingue par son immuabilité, prisonnier de dyades manichéennes et d’intrigues monosémiques comme Blanche-Neige de son cercueil. Cette thèse propose donc une relecture contemporaine du rôle de la belle-mère, centrée sur son rapport ambivalent à la maternité. La résistance de cette figure à toute subversion révèle en effet un enracinement profond de la violence matrilinéaire dans le genre : l’ubiquité de cette mauvaise mère – qui emprisonne et empoisonne – est symbolique d’un maternel en tension, où l’intrigue mère/fille ne peut qu’être tragique. La coexistence narrative de cette dyade est ainsi rendue impossible par l’indifférenciation des corps et sujets féminins imposée par le canon patriarcal, toute existence du Soi impliquant nécessairement un évincement de l’Autre. Dès lors, les rapports matrilinéaires se trouvent compliqués par l’apparition de dynamiques destructrices dans la diégèse : la marâtre désire ingérer – et ainsi (ré)absorber – le corps de la fille ; celle-ci réagit en adoptant une attitude matrophobe. C’est alors que réapparaît la mère originelle, qui se place en double inversé de la marâtre, permettant ainsi le clivage des figures maternelles. Le reflet de cette autre-mère inquiète et aliène la marâtre, pour qui l’absence de lien biologique avec l'héroïne est preuve de son infériorité. C’est cependant par le prisme de cette non-filiation qu’une subversion de la tragédie matrilinéaire est possible, l’hybridité du rôle de la belle-mère permettant la création d’alternatives protéiformes, ambivalentes et inclusives à l’intrigue matrilinéaire.