Les mutations de l'appétit intellectuel, d'Albert le Grand à Descartes
Auteur / Autrice : | Clémence Masson |
Direction : | André Charrak |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance le 15/11/2023 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Philosophie (Paris ; 1998-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Groupe de recherches Antiquité, moyen-âge, transmission arabe (Paris ; 20..-....) |
Laboratoire : Laboratoire Sciences philosophie histoire (Paris ; 2009-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Isabelle Moulin |
Examinateurs / Examinatrices : André Charrak, Pierre-François Moreau, Denis Kambouchner, Olivier Boulnois |
Mots clés
Résumé
Le regard historicisant de Descartes sur la philosophie scolastique s’est formé dans un usage symbolique du paradigme aristotélicien de l’« appétit intellectuel », cette éthique intellectualiste décrivant, au Moyen-Âge, la dynamique naturelle de l’homme vers la contemplation des choses divines comblant tout le désir. Vidé de son sens littéral, servant à formuler le problème moderne de l’historicisation de la philosophie, mais aussi parfois disqualifié pour lui-même, le paradigme n’en conserve pas moins chez Descartes la trace des enjeux éthiques et moraux en lesquels il s’était forgé au XIIIe siècle, quand on lisait le corpus intégral d’Aristote à la lumière des commentateurs arabes et d’habitus théologiques. En relisant cette genèse médiévale sous le regard cartésien, nous entendons rouvrir un problème laissé irrésolu par les historiens : en quel sens peut-on dire que la conception théologique de l’appétit intellectuel léguée par Thomas d’Aquin à l’Âge classique fut porteuse des enseignements d’Albert le Grand ? Une comparaison textuelle systématique permettra de restaurer un dialogue rythmé par le refus d’un albertisme qu’il révèle. Il fallut en effet à Thomas d’Aquin, via Averroès et des réécritures, s’attaquer à l’idéal albertiste d’une parfaite félicité philosophique – son naturalisme, son élitisme, son nécessitarisme – pour, réhabilitant le péché originel, rendre compte de l’accès de l’homme spéculatif à la morale. Mais il y eut par là une dépendance positive essentielle que la réception cartésienne permettra de vérifier, car en historicisant les notions et systèmes thomistes de l’appétit intellectuel, c’est bien jusqu’à l’albertisme que Descartes remonte et refuse.