Thèse soutenue

Malebranche et le problème du spinozisme

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Auteur / Autrice : Kyriakos Fytakis
Direction : Denis KambouchnerMogens Laerke
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 19/10/2023
Etablissement(s) : Paris 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Philosophie (Paris ; 1998-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des sciences juridique et philosophique de la Sorbonne (Paris ; 2015-....)
Jury : Président / Présidente : Marie-Frédérique Pellegrin
Examinateurs / Examinatrices : Denis Kambouchner, Mogens Laerke, Marie-Frédérique Pellegrin, Jean-Christophe Bardout, Antonella Del Prete, Steven M. Nadler
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Christophe Bardout

Résumé

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Entre 1674 et 1714, Nicolas Malebranche produit un grand nombre d’écrits où il présente sa philosophie occasionaliste. Une analyse historiographique de ce corpus dévoile l’évolution de sa pensée qui répond au fil des années aux défis de ses adversaires et notamment, à l’accusation inédite pour l’époque, celle de concevoir un Dieu « corporel » et soumis à la « nécessité ». Par un amalgame qui se répand de plus en plus à la fin du XVIIe siècle, ce double défi est associé par ses adversaires à la philosophie spinoziste et constitue progressivement le spectre qui hante la philosophie de Malebranche jusqu’à la fin de sa vie et même, longtemps après. Certes, le rapprochement avec Spinoza était souvent implicite chez les adversaires de Malebranche et son nom rarement cité dans les textes francophones de l’âge classique. Or, les preuves textuelles sont abondantes : Malebranche y consacra une correspondance vers la fin de sa vie (avec Dortous de Mairan entre 1713-1714), un ouvrage où il s’en démarque systématiquement (l’Entretien d’un philosophe chrétien et d’un philosophe chinois de 1708), plusieurs passages de son grand ouvrage de synthèse (les Entretiens sur la métaphysique et sur la religion de 1688) et de nombreux passages dans les textes polémiques rédigés pendant la controverse avec Antoine Arnauld dans les années 1680. Enfin, de nombreux philosophes l’ont défendu pendant la même période sur ces sujets ; nous observons donc à la fin du XVIIe siècle la naissance d’un courant proprement « malebranchiste » chez des auteurs comme François Lamy et Henri Lelevel, qui adoptent des positions-clés de Malebranche et embrassent des éléments de doctrine qui se trouvent au coeur des controverses, notamment la Vision en Dieu et « l’étendue intelligible ». Dans notre thèse, nous examinons dans un ordre chronologique les phases principales de l’évolution de la philosophie de Malebranche entre 1674-1714 en mettant en évidence le rôle du problème du spinozisme. Nous étudions également la critique d’Antoine Arnauld qui est le premier à lancer ce défi à Malebranche dans les années 1680, mais aussi le rôle des « amis du malebranchisme », les auteurs qui ont défendu Malebranche tout en se référant implicitement ou explicitement au problème du spinozisme, François Lamy et Henri Lelevel. Outre cette lecture évolutive de la philosophie malebranchiste, nous mettons évidence le contexte historiographique dans lequel s’effectue la première réception polémique de la philosophie spinoziste en France.