Thèse soutenue

Paver Ife : archéologies et espaces connectés d'un centre urbain ouest-africain (1000-1400 CE)

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Auteur / Autrice : Léa Roth
Direction : Marie-Laure DeratMaurizio HarariGérard Chouin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 28/09/2023
Etablissement(s) : Paris 1 en cotutelle avec Università degli studi (Pavie, Italie)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale d'Histoire de l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Etablissement d'accueil : Università degli studi (Pavie, Italie)
Laboratoire : Orient et Méditerranée (Ivry-sur-Seine, Val de Marne ; 2006-....)
Jury : Président / Présidente : Anne Haour
Examinateurs / Examinatrices : Marie-Laure Derat, Maurizio Harari, Gérard Chouin, Angèle Aguigah, Anne Mayor
Rapporteur / Rapporteuse : Neil L. Norman, Geoffroy de Saulieu

Résumé

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Située au sud-ouest du Nigéria, la ville d’Ife s’est distinguée durant la période médiévale par sa prestigieuse culture matérielle et son industrie florissante du verre. Cette étude explore l’héritage mythologique de la « bibliothèque coloniale », pan-yorùbá et panafricaine ainsi que les fabrications historiographiques qui « encombrent » la réécriture de l’histoire d’Ife. La première partie propose un panorama critique des recherches archéologiques menées tout au long du XXe siècle, dont la mémoire scientifique fragmentée peut être en partie recomposée grâce aux archives de l’archéologie. La deuxième partie interroge ensuite les manières de penser l’organisation de l’espace urbain d’Ife entre 1000 et 1400 CE. Conséquence de préjugés persistants sur le milieu forestier tropical, de longues traditions diffusionnistes et du manque de visibilité de certaines structures archéologiques dans le paysage, le fait urbain médiéval demeure un volet largement négligé des études sur la région. Durant une période située entre le XIIe et le XIVe siècle, Ife a vu se développer un vaste système d’infrastructures urbaines, dont des pavements majoritairement en tesson de poterie et en pierres formant de véritables mosaïques. Ces revêtements de sol sont les témoins d’une planification spatiale, d’une gestion de l’environnement et d’un investissement social, esthétique et symbolique de l’espace. Parfois retrouvés dans des contextes archéologiques, ils sont le plus fréquemment visibles en surface en raison de l’importante érosion de la zone et constituent ainsi un patrimoine en péril du fait de l’urbanisation croissante de la région et du manque de reconnaissance patrimoniale. D’une capture de l’économie coloniale britannique dans l’arrière-pays yorùbá aux fosses dépotoirs et pavements typiques de l’ingénierie urbaine médiévale, les nouvelles fouilles archéologiques sur le site de Lújúmò Compound ont permis d’esquisser les ruptures et continuités de l’espace urbain d’Ife entre le XIe et le XXe siècle. Bien que recouvrant une surface singulièrement étendue d’Ife, les sols pavés ne sont du reste pas l’apanage de cette ville, mais l’expression d’une culture urbaine présente, dans sa diversité, à une échelle régionale, du golfe de Guinée jusqu’à la zone soudano-sahélienne. La dimension régionale de ce phénomène contribue ainsi à la réflexion sur la place d’Ife, en tant que pôle artistique majeur, mais aussi territoire connecté à un réseau d’échanges et d’influences.