Thèse soutenue

La spécialisation médicale au travail : enquête sur la gérontopsychiatrie en France

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Auteur / Autrice : Martin Sarzier
Direction : Anne Paillet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 30/11/2023
Etablissement(s) : Paris 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale d'Économie (Paris ; 2004-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre européen de sociologie et de science politique (Paris ; 2010-....)
Jury : Président / Présidente : Vincent Caradec
Examinateurs / Examinatrices : Anne Paillet, Vincent Caradec, Nicolas Dodier, Didier Demazière, Muriel Darmon
Rapporteurs / Rapporteuses : Nicolas Dodier, Didier Demazière

Résumé

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Au croisement de la sociologie du travail, des professions, de la santé et de la vieillesse, cette thèse porte sur le processus de spécialisation médicale a travers le cas de l'émergence et de l'établissement de la gérontopsychiatrie en France. Fondée sur une enquête au sein de cet espace professionnel, articulant des méthodes d'enquête qualitatives (immersion dans deux services hospitaliers, réalisation d'entretiens, dépouillement d'archives, observation de congrès et d'événements professionnels) et quantitatives (analyse statistique de dossiers de patient·es, constitution et exploitation de bases de données visant a reconstituer l'espace gérontopsychiatrique), elle prête attention a la constitution en actes de cette « sur-spécialité » usuellement définie comme la « branche » de la psychiatrie dédiée à la prise en charge des troubles psychiques des « personnes âgées ». Cette thèse, qui combine une approche interactionniste du travail et une perspective dispositionnaliste attentive au poids des positions et trajectoires sociales des enquêté·es, étudie la spécialisation au travail, c'est-à-dire à la fois à l'œuvre, en train de se faire, mais aussi sous l'angle des situations, pratiques et rapports au travail des médecins et des autres professionnel·les de la gérontopsychiatrie. Il s'agit d'examiner, d'une part, le travail de spécialisation accompli par les médecins pour autonomiser et légitimer la gérontopsychiatrie au sein de la profession médicale, par le haut et par le bas. La thèse s'intéresse, d'autre part, au travail spécialisé, autrement dit à la manière dont les médecins, en interaction avec les infirmières, les aides-soignantes et d'autres professionnel·les, cherchent à affirmer, à travers leurs pratiques de prise en charge, leur statut de spécialistes et leur différence vis-à-vis de leurs pair·es. Cette recherche décrit les effets de la spécialisation médicale sur les inégalités de santé et sur la production de différenciations sociales des pratiques soignantes et se penche sur les mécanismes d'âgisation, c'est-à-dire d'assignation d'âge, qui accompagnent l'intervention spécialisée. L'espace gérontopsychiatrique apparaît in fine comme un observatoire de dynamiques traversant l'hôpital public, l'institution psychiatrique et le secteur de la prise en charge de la vieillesse.