Aspects distributifs des politiques climatiques

Distributional Aspects of Climate Policies

• Auteur / Autrice : Marie Young-Brun
• Direction : Stéphane Zuber, Aurélie Méjean
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Sciences économiques
• Date : Soutenance le 18/09/2023
• Etablissement(s) : Paris 1
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale d'Économie (Paris ; 2004-....)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'économie de la Sorbonne (Paris ; 2006-....)
• Jury : Président / Présidente : Katheline Schubert
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Stéphane Zuber, Aurélie Méjean, Katheline Schubert, Céline Guivarch, Matthias Kalkuhl, Ulrike Kornek
• Jury : Rapporteur / Rapporteuse : Céline Guivarch, Matthias Kalkuhl

Mots clés

Mots clés contrôlés

Inégalité sociale

Politique de l'environnement

Aspect économique

Économie de l'environnement

Taxe sur le dioxyde de carbone

Industrie

Carbone

Politique publique

Changements climatiques

Mots clés libres

Politiques climatiques

Effets distributifs

Économie du climat

Climate policies

Distributional effects

Climate economics

Résumé

L’atténuation des émissions de gaz à effet de serre et la gestion des dommages nécessitent la conception de mesures climatiques socialement acceptables et équitables. Les trois chapitres de cette thèse étudient les effets distributifs des politiques climatiques. Le premier chapitre, co-écrit avec Simon Feindt, analyse comment les dommages climatiques sur les facteurs de production et leur incidence sur les ménages affectent le coût social du carbone. Dans un modèle mondial d’évaluation intégrée à l’échelle mondiale avec une désagrégation régionale, nous décomposons l’inégalité des revenus et les dommages climatiques en une composante travail et une composante capitale. Nous montrons que la consommation des plus pauvres et l’inégalité sont plus affectées par les dommages liés au travail que par ceux liés au capital, mais que l’inverse est vrai pour le coût social du carbone. Nous démêlons les effets distributifs et de croissance sur le coût social du carbone et montrons que si les dommages sont peu régressifs, les effets de croissance des dommages touchant le stock de capital dominent. Le deuxième chapitre, co-écrit avec Aurélie Méjean et Stéphane Zuber, porte sur la conception de politiques équitables de taxation du carbone au niveau mondial. Nous développons un modèle d’évaluation intégré à l’échelle mondiale avec une désagrégation au niveau des pays et des inégalités au sein des pays. Nous proposons des profils de taxes carbone uniformes et différenciés compatibles avec un une limitation de la hausse de la température mondiale à 2℃. Nous évaluons l’efficacité, les effets distributifs et les effets sur le bien-être de plusieurs options de recyclage des revenus. Nos résultats montrent qu’une taxe carbone uniforme avec un recyclage forfaitaire global est la meilleure en termes d’amélioration du bien-être et de réduction des inégalités. Une telle politique pourrait cependant être confrontée à des problèmes de faisabilité en raison des importants transferts internationaux qu’elle implique. Le recyclage d’un pourcentage limité des recettes d’une taxe carbone peut apporter des bénéfices en termes d’inégalité et de bien-être lorsque les transferts sont ciblés vers les pays à faible revenu et particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique. Le troisième chapitre explore la manière dont les effets distributifs d’une taxe carbone peuvent affecter son acceptabilité politique au niveau national. Je pose la question de savoir si les effets distributifs horizontaux, c’est-à-dire les effets au sein d’une même classe de revenu, limitent le soutien politique à la taxe carbone. Je développe un modèle du soutien politique à la taxe carbone qui comprend inégalité de revenus et inégalité entre urbains et ruraux. Cette dernière correspond à une différence du niveau de consommation de biens de première nécessité à forte intensité carbone, tel que le carburant en fonction de la localisation (rural ou urbain). Je montre que l’hétérogénéité horizontale entraîne un écart de soutien politique entre les ménages urbains et ruraux. Le soutien politique peut être sous-optimal dans un groupe concentré de la population, alors que l’électeur médian soutient une taxe carbone proche du niveau de taxe pigouvien. Une calibration avec des données européennes permet de mieux comprendre les conséquences en termes d’équité et d’acceptabilité des différentes options de recyclage des recettes de la taxe carbone.

Mitigating greenhouse gas emissions and managing climate change impacts requires designing socially acceptable and equitable climate policies. The three chapters of this dissertation examine the distributional impacts of climate policies. The first chapter, joint with Simon Feindt, analyzes how the social cost of carbon emissions is affected by climate damages on factors of production and how they are distributed across households. We address this question using a global integrated assessment model with regional disaggregation in which we decompose income inequality and climate damages into labor and capital components. We show that inequality and consumption at the lower end of the distribution are more affected by labor damages than capital damages, but that the reverse is true for the social cost of carbon. We disentangle the distributional and growth channels of effects on the social cost of carbon, and show that if damages are not very regressive, the growth effects of damages hitting the capital stock tend to dominate. The second chapter, written with Aurélie Méjean and Stéphane Zuber, focuses on the design of equitable carbon taxation policies at the global level. We develop a global integrated assessment model with country level disaggregation and within-country inequality. We find global uniform and differentiated carbon tax schemes compatible with a 2℃ scenario, and assess the efficiency, distributional and wellbeing outcomes of several revenue recycling options. Our results show that a uniform carbon tax with global lump-sum recycling performs best in terms of welfare and equality improvements, but could face feasibility issues because of the large international transfers it entails. Recycling only a smaller percentage of revenues can bring inequality and welfare benefits when transfers are targeted to lower income countries which are vulnerable to climate change impacts. The third chapter explores how the distributive impacts of carbon taxation may affect its political acceptability at a national level. I examine whether horizontal distributional effects, i.e., effects within income groups, limit political support for carbon taxation. I develop a model of political support for carbon taxation with income and urban-rural inequality. The latter corresponds to a difference in the level of carbonintensive necessity consumption, such as heterogeneous needs for transport fuel depending on location (rural vs. urban). The results demonstrate that horizontal het erogeneity leads to a gap in political support between urban and rural households. Political support can be inefficiently low in a concentrated section of the population, while the median voter supports a carbon tax close to the Pigouvian level. A calibration with European data provides insights into the equity and acceptability consequences of different carbon tax revenue-recycling options.