Thèse soutenue

L'idéologie des arbitres des traités d'investissement

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Auteur / Autrice : Mohamed Mahayni
Direction : Sylvain Bollée
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Droit de l'arbitrage international
Date : Soutenance le 12/09/2023
Etablissement(s) : Paris 1
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de droit de la Sorbonne (Paris ; 2015-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de recherche juridique de la Sorbonne (Paris ; 2001-....)
Jury : Président / Présidente : Laurence Boisson de Chazournes
Examinateurs / Examinatrices : Sylvain Bollée, Laurence Boisson de Chazournes, Diego P. Fernández Arroyo, Mathias Audit, Sophie Lemaire
Rapporteurs / Rapporteuses : Diego P. Fernández Arroyo

Mots clés

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Résumé

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Alors que l’arbitrage international est conçu pour dépolitiser les différends en matière d’investissement, des membres de la communauté – y compris des arbitres – ont parfois réussi à les surpolitiser par des compétitions d’objectivité, des accusations de subjectivité et même des attaques d’intégrité. Cela semble alimenter une méfiance interne parmi les membres de la communauté et exacerber les critiques externes à l’égard de l’arbitrage : à savoir « l’idéologie de la primauté du droit » qui fétichise le droit objectif et romantise l’objectivité arbitrale. Nous croyons que cette idéologie est à l’origine du déni (de la répression, de la mystification, de la déformation, de la dissimulation ou de l’évasion) de l’idéologie, notamment parce que la communauté comprend surtout des avocats, et que les avocats sont réputés pour l'arbitrage international. Nous présentons la notion de l’idéologie comme moyen de comprendre et, espérons-le aussi, d’atténuer ce problème. Principalement, nous soutenons qu’une compréhension de l’idéologie du droit international de l’investissement – ainsi que de l’expérience phénoménologique de l’idéologie – est impérative pour encourager l’humilité au niveau individuel et collectif. Précisément, nous soutenons que le droit international de l’investissement est intrinsèquement pro-investisseur, que toute interprétation de ce droit est nécessairement subjective, que la perception de la subjectivité ou de l’objectivité chez les autres est largement relative et que cette relativité est susceptible d’être influencée par l’ensemble de croyances que chaque individu tient et vit de façon non idéologique. Et nous reconnaissons que nous ne faisons pas exception. Dans notre analyse, nous nous concentrons principalement sur les interprétations de ceux qui sont les plus soupçonnés de subjectivité pro-investisseur ou pro-État – à savoir les co-arbitres nommés par les parties, et en particulier ceux qui ont tendance à émettre des opinions dissidentes. En identifiant, contextualisant et relativisant leur prétendue subjectivité, nous sommes mieux à même de démontrer la relativité de l’objectivité. Ce faisant, nous pouvons par la suite envisager la possibilité que chaque membre de la communauté soit sans doute subjectif tant que des idéologies concurrentes concernant le droit international de l’investissement continueront d’exister. Subsidiairement, nous plaidons en faveur de l’atténuation de ce que nous percevons comme étant l’idéologie dominante et unificatrice parmi les arbitres et d’autres membres de la communauté.