Le roman de l'ambition au XIXe siècle (1826-1893)

The novel ambition in the XIXth century (1826-1893)

• Auteur / Autrice : Grégoire Tavernier
• Direction : Aude Déruelle
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Langues et littératures françaises
• Date : Soutenance le 22/09/2023
• Etablissement(s) : Orléans
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Humanités et Langues (Centre-Val de Loire ; 2018-....)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Pouvoirs, Lettres, Normes (Orléans ; 2012-....)
• Jury : Président / Présidente : Pierre Glaudes
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Philippe Dufour, Paule Petitier
• Jury : Rapporteur / Rapporteuse : Bertrand Marquer, Xavier Bourdenet

Mots clés

Mots clés contrôlés

Héros (littérature)

Passions (philosophie)

Thèmes, motifs

Littérature française -- 19e siècle

Dans la littérature

Ambition

Mots clés libres

Mobilité sociale

Social mobility

Résumé

Cette thèse s'attache à montrer en quoi l'ambition sociale constitue une passion ''régnante'' (Taine) dans les représentations collectives au XIXe siècle, phénomène de masse répertorié et dramatisé par les romanciers. Nous suivrons à travers eux la dialectique d'une passion à la fois démocratique dans le personnel et les effectifs qu'elle mobilise (la jeunesse plébéienne) et aristocratique dans l'imagerie glorieuse et les objectifs qu'elle s'assigne (s'approprier, en les méritant, les privilèges du rayonnement et du pouvoir). Le roman au XIXe siècle exploite cette passion moderne en répondant aux vœux formulés par Germaine de Staël dans son ''Essai sur les fictions'' (1795). À la croisée du roman de mœurs (sous la bannière documentaire), du roman de formation (sous la bannière cognitive de l'apprentissage, du héros et du lecteur) et du récit de passion (sous la bannière dramatique), s'élabore en effet à l'âge postrévolutionnaire un roman de l'ambition. Mû par un héros conquérant, le roman de l'ambition interroge les conditions de l'accomplissement de soi et de la vie en communauté, la convergence des intérêts personnels et de l'intérêt général. S'il démasque les principaux mythes (libéraux, républicains, utopiques) de cette convergence, il n'en reste pas moins fasciné par la figure énergique de l'ambitieux. Là est le paradoxe d'une passion moralement suspecte, mais qui atteint esthétiquement, dans le malheur qu'elle inflige et qu'elle s'inflige, le sublime du jusqu'au-boutisme. L'exploration d'un large corpus de textes romanesques, de ''Cinq-Mars'' (1826) à la fin des ''Rougon-Macquart'' (1893), par-delà la césure flaubertienne et l'hypothèse de la ''mort du héros'', qui précisément survit chez l'ambitieux, pourra permettre de s'en persuader.

This thesis sets out to show how social ambition constitutes a 'reigning' passion (Taine) in collective representations in the 19th century, a mass phenomenon catalogued and dramatised by novelists. Through them, we will follow the dialectic of a passion that is both democratic in terms of the personnel and numbers it mobilises (plebeian youth) and aristocratic in terms of the glorious imagery and objectives it sets itself (to appropriate, by deserving them, the privileges of influence and power). The nineteenth-century novel exploited this modern passion, responding to the wishes expressed by Germaine de Staël in her ''Essai sur les fictions'' (1795). At the crossroads of the novel of manners, the novel of education and the tale of passion, the post-revolutionary age saw the development of a novel of ambition. Driven by a conquering hero, the novel of ambition questions the conditions for self-fulfilment and community life, the convergence of personal interests and the general interest. While it unmasks the main myths of this convergence, it nonetheless remains fascinated by the energetic figure of the ambitious man. Therein lies the paradox of a passion that is morally suspect, but which aesthetically achieves, in the misfortune it inflicts and that it inflicts on itself, the sublime of going to extremes. Exploring a large corpus of novels, from ''Cinq-Mars'' (1826) to the end of ''Les Rougon-Macquart'' (1893), beyond the Flaubertian caesura, will proove it.