Fabrique et usages de la convivialité par le management contemporain. Ethnographie au sein de deux entreprises
Auteur / Autrice : | Clémence Piedagnel |
Direction : | Michalis Lianos |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie, demographie |
Date : | Soutenance le 24/11/2023 |
Etablissement(s) : | Normandie |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Homme, sociétés, risques, territoire (Rouen) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire des dynamiques sociales (Rouen ; 2017-....) |
établissement co-accrédité : Université de Rouen Normandie (1966-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Anne Monjaret |
Examinateurs / Examinatrices : Lionel Jacquot, David Mélo, Frédéric Neyrat, Pauline Seiller | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Lionel Jacquot, David Mélo |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Dans le cadre de la gestion des ressources humaines, de plus en plus d’entreprises développent des dispositifs et des politiques en matière de convivialité. Alors qu’ils sont présentés comme la preuve des préoccupations éthiques des entreprises à la suite du taylorisme jugé déshumanisant, cette recherche part de l’hypothèse que la convivialité au travail, peut également être un outil managérial exerçant une « pression de conformité ».L’investigation s’appuie sur trois enquêtes ethnographiques au sein d’une start-up parisienne, d’un magasin d’articles de sport ainsi que dans le siège social de la même enseigne. Elle mobilise également des enquêtes complémentaires sur un label de bien-être au travail et des professionnels de la convivialité en entreprise nommés « chief happiness officer », « office manager » ou « happiness manager ». Nuançant l’idée d’une rupture managériale à travers laquelle cette notion de « convivialité » se serait développée en opposition au taylorisme, et en fonction des évolutions du droit et de la santé au travail, l’enquête dévoile une stratégie d’ensemble visant avant tout à revaloriser l’image des organisations de travail. En analysant l’ensemble des « politiques de convivialité » mises en place dans les espaces observés, nous remarquons que les moments « informels » conçus par les cadres dirigeants comme le moyen d’obtenir des salariés de nouvelles formes de coopération, individuelles à travers le coaching par exemple, ou collectives par des divertissements sportifs ou ludiques, permettent de constituer une culture commune, et de faire accepter aux salariés les insuffisances de l’organisation. Les salariés vivent ces propositions et les injonctions qui y sont associées de différentes manières pouvant évoluer dans le temps : entre engagement, mobilisation ; distanciation et résistances. Résistances souvent plus virulentes en fonction de leur ancienneté dans l’entreprise. Au même titre que le greenwashing est un terme qui critique des procédés marketing permettant de revaloriser l’image écologique des entreprises, cette thèse explore ce qu’elle qualifie d’« happywashing » pour désigner cette interprétation managériale de l’éthique, du bien-être et de la santé au travail.