Thèse soutenue

Marqueurs neurophysiologiques et comportementaux du contrôle locomoteur dans le syndrome d'Ehlers-Danlos de type hypermobile

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Auteur / Autrice : Valentin Lana
Direction : Leslie Decker
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences et techniques des activites physiques et sportives
Date : Soutenance le 20/06/2023
Etablissement(s) : Normandie
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Normande de biologie intégrative, santé, environnement (Mont-Saint-Aignan, Seine-Maritime)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Mobilités : Vieillissement, Pathologie, Santé (Caen ; 2017-....)
établissement co-accrédité : Université de Caen Normandie (1971-....)
Jury : Président / Présidente : Lionel Bringoux
Examinateurs / Examinatrices : Leslie Decker, Thibault Deschamps, Anaïck Perrochon, France Mourey, Kjerstin Torre, Julien Frère, Simone Dalla Bella
Rapporteurs / Rapporteuses : Thibault Deschamps, Anaïck Perrochon

Résumé

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La locomotion humaine résulte de l’interaction entre les systèmes physiologique, cognitif et neuromusculaire qui lui confèrent flexibilité et adaptabilité pour son contrôle. Cependant, le coût cognitif associé à ce contrôle dans des contextes particuliers n'est pas encore clairement établi. Les patients atteints du syndrome d’Ehlers-Danlos de type hypermobile (SEDh) présentent une altération de la proprioception qui serait à l’origine de leurs troubles moteurs. Le port de vêtements compressifs (VC) semble être un moyen prometteur de compenser partiellement cette altération. L’objectif de ce travail de thèse était d’évaluer le coût cognitif associé au contrôle de la marche dans un environnement déstabilisant, d’une part, chez des sujets contrôles, et d’autre part, chez des patients SEDh avant et après une prise en charge associant une rééducation proprioceptive et les VC. Dans ce but, des mesures de stationnarité, de variabilité et de complexité ont été appliquées sur des paramètres neurophysiologiques et comportementaux.L’étude 1 (recherche fondamentale) visait à déterminer le coût cognitif associé au contrôle de la marche et à la modulation des synergies musculaires (SM) sous-jacentes chez le jeune adulte lorsqu’il est soumis à un environnement visuel déstabilisant. 24 jeunes adultes sains ont marché sur un tapis roulant à vitesse préférentielle fixe, immergés dans un environnement virtuel avec un flux optique normal ou perturbé dans le plan frontal (i.e. oscillations ML du champ visuel), et ce en condition de simple tâche et de double tâche (DT ; 1-back, 2-back, 3-back). Nos résultats ont montré que la performance cognitive du jeune adulte en condition de DT n’est pas altérée par un environnement visuel déstabilisant. Néanmoins, en DT exécutive, le jeune adulte augmente la régulation du pas dans le plan frontal au détriment d’un relâchement dans le plan sagittal (« dynamique passive »). Cette régulation accrue fut corroborée au niveau neuromusculaire par une diminution de la variabilité d’activation de la SM propre à la phase de propulsion à l’appui.Les études 2 et 3 (recherche translationnelle) reposent sur des données recueillies dans l’essai clinique VITALISED (NCT04020107). 39 patients SEDh et 39 sujets contrôles (SC) ont marché sur un tapis roulant à vitesse asservie avec un flux optique normal ou perturbé dans le plan sagittal (i.e. sans flux, flux accéléré, flux inversé), et ce en condition de simple tâche et de DT (2-back). L’étude 2 (transversale) visait à définir l’impact du déficit proprioceptif associé au SEDh sur le coût cognitif associé au contrôle de la marche en présence d’un flux optique perturbé. Nos résultats ont montré que les patients SEDh présentent une marche prudente (stationarité), plus variable et moins automatique (synchronisation intermusculaire). En condition de DT, ils priorisent le contrôle de la marche afin de maintenir leur équilibre au détriment de la performance dans la tâche cognitive concomitante. Collectivement, les adaptations observées chez les patients SEDh reflèteraient une perte d’automaticité de la marche, qui résulterait principalement d’un déconditionnement physique et de la peur de tomber. L’étude 3 (longitudinale) visait à démontrer l’apport du port des VC lors de la rééducation proprioceptive des patients SEDh. De manière inattendu, nos résultats n’ont pas montré de réduction du coût cognitif associé au contrôle de la marche. Néanmoins, les résultats plus descriptifs suggèrent que le port des VC serait bénéfique pour les patients dont les capacités fonctionnelles sont les plus altérées. Sur le plan méthodologique, plusieurs raisons peuvent expliquer l'absence d'effet : (i) la taille insuffisante de l’échantillon, (ii) la variabilité interindividuelle de la sévérité des symptômes associés au SEDh, et (iii) la COVID-19. Cette thèse permet d'orienter la conception de futurs essais cliniques afin d’élucider la question des profils de patients qui bénéficieraient le plus des VC.