Thèse soutenue

Bien parler. Les bègues entre stigmate linguistique et travail de la parole

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Auteur / Autrice : Abigail Bourguignon
Direction : Muriel Darmon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 30/05/2024
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Juliette Rennes
Examinateurs / Examinatrices : Juliette Rennes, Stéphane Bonnéry, Delphine Serre, Manuel Schotté
Rapporteurs / Rapporteuses : Stéphane Bonnéry, Delphine Serre

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Au carrefour de la sociologie de la socialisation, de la sociologie de la santé et de l’ethnographie des pratiques langagières, cette thèse prend pour objet la fabrique sociale du « bien parler », à travers le cas d’un stigmate linguistique : le bégaiement. Fondée sur une enquête de terrain multi-située menée durant six ans en région parisienne, dans les Hauts-de-France et à la Réunion, l’enquête combine entretiens approfondis, observations directes et sources historiques. Elle vise à analyser la sociogenèse des manières de parler, de se tenir et de penser des bègues, qu’il s’agisse d’adultes ou d’enfants, et à resituer celles-ci dans l’histoire des explications savantes et des professionnel∙les chargé∙es de la rééducation du langage. Comment et pourquoi certaines pratiques et dispositions langagières qui s’écartent de la norme sociale du « bien parler » se forment et se transforment-elles, tant chez les bègues que chez leurs proches ? Comment les professionnelles de la parole que sont les orthophonistes participent-elles à ces processus socialisateurs inscrits dans des rapports sociaux de classe, de genre et d’âge ? La thèse s’intéresse, d’une part, aux dimensions relationnelles et interactionnelles du bégaiement, notamment aux modalités concrètes de gestion et de dissimulation de celui-ci en tant que stigmate, en veillant à historiciser l’analyse des cadres institutionnels de la rééducation ; d’autre part, au travail dispositionnel dont cette parole déviante fait l’objet dans les cabinets d’orthophonie. Ce faisant, l’enquête montre comment le « bien parler » est intériorisé, ou parfois contesté, de façon différenciée selon les positions et dispositions des bègues. Par ailleurs, elle met au jour les processus par lesquels ces derniers, lorsqu’ils sont adultes, tentent de sortir du stigmate ou, quand ils sont enfants, d’y échapper – ce à quoi veillent parents et orthophonistes.