Thèse soutenue

Ecologie et conservation du Scinque-léopard de Nouvelle-Calédonie ( Lacertoïdes pardalis) : enjeux pour sa translocation en contexte minier

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Auteur / Autrice : Matthias Deuss
Direction : Morgan MangeasHervé Jourdan
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie des populations et écologie
Date : Soutenance le 14/04/2023
Etablissement(s) : Nouvelle Calédonie
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale du Pacifique (Faaa ; 2005-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Institut méditerranéen de la biodiversité et d’écologie marine et continentale (Marseille ; 2012-....) - Institut de recherche pour le développement (France). Centre de Nouméa
Jury : Président / Présidente : Xavier Bonnet
Examinateurs / Examinatrices : Hervé Jourdan, Xavier Bonnet, Anne A. Besson, Rick Shine, Claire Goiran, Stéphane MCCoy
Rapporteurs / Rapporteuses : Xavier Bonnet, Anne A. Besson

Résumé

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La Nouvelle-Calédonie est un hotspot mondial de la diversité reptilienne. Sur ce territoire au cœur des enjeux mondiaux de la production de nickel, on estime que 45% des espèces de squamates menacées le sont directement par l’exploitation minière. Dans le contexte du développement des exploitations minières, la translocation des lézards menacés est régulièrement utilisée ou envisagée comme mesure de compensation environnementale. Pourtant, à l’échelle mondiale, on estime que moins de la moitié des translocations de reptiles réussit, et encore moins lorsqu’elles sont réalisées par des acteurs privés dans le cadre d’une compensation environnementale. Dans ce contexte, cette thèse s’intéresse au scinque-léopard, espèce inféodée aux maquis des terrains miniers, et considérée comme un archétype de ces espèces menacées par la réduction des habitats causée par l’action conjuguée des mines et des feux. Deux problématiques structurent ce travail de recherche : i) préciser le statut de conservation du Scinque-léopard dont les évaluations passées étaient marquées par un biais d’échantillonnage important et les difficultés propres à la détection de l’espèce ; ii) évaluer la faisabilité de sa translocation. Je réponds à la première problématique par la recherche de nouvelles localités, l’évaluation de la structuration génétique entre les populations connues, la modélisation de la niche écologique et l’analyse géographique des pressions environnementales. Ces travaux ont permis d’étendre significativement l’aire de distribution connue, avec un isolement génétique fort de certaines populations justifiant la reconnaissance de trois unités évolutives (ESU). Le risque d’extinction de l’espèce est probablement moins important qu’estimé auparavant, mais une partie des populations est fortement menacée par les mines et les feux, et près de la moitié des habitats favorables identifiés est incluse dans une concession minière. La deuxième problématique est abordée à travers une étude radiotélémétrique de l’utilisation de l’habitat et des relations sociales du Scinque-léopard, qui révèle une grande territorialité des adultes, avec une fidélité marquée aux gîtes, une forte dépendance aux micro-habitats rocheux, un sex-ratio très en faveur des femelles, et une structure sociale probable en harems. Ces résultats présagent d’obstacles importants pour la mise en œuvre d’une translocation, a fortiori dans le cas d’un déplacement d’animaux vers un site abritant une population résidente, le scénario le plus vraisemblable dans le cas d’une opération minière. Les risques encourus, à la lumière du statut de conservation relativement favorable de l’espèce, ne désignent pas la translocation comme une mesure de conservation pertinente et efficace. Des mesures en faveur d’une amélioration globale de la qualité des habitats naturels sont à privilégier, en priorité par la lutte contre les espèces envahissantes, qui impactent la majorité des espèces de squamates en Nouvelle-Calédonie.