Thèse soutenue

Les réseaux de militants contre les essais nucléaires français (1959 - 1996)

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Auteur / Autrice : Clémence Maillochon
Direction : Renaud MeltzTeva Meyer
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire contemporaine
Date : Soutenance le 28/09/2023
Etablissement(s) : Mulhouse
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences humaines et sociales – Perspectives européennes (Strasbourg ; 2009-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche sur les économies, les sociétés, les arts et les techniques (Mulhouse, Haut-Rhin) - Centre de recherches sur les économies- les sociétés- les arts et les techniques - CRESAT - UR3436 / CRESAT

Résumé

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De 1960 à 1996, la France réalise 210 essais nucléaires dans le Sahara et le Pacifique. Ces expérimentations suscitent le développement de militantismes qui oscillent entre rejet du nucléaire et contestation de la souveraineté de la France sur ces territoires. De plus, les circulations matérielles et immatérielles induites par la mise en œuvre des expériences y provoquent de profonds bouleversements sociétaux, et suscitent une crise identitaire particulièrement vive en Polynésie. Les raisons de s’opposer aux expérimentations font s’entrecroiser de multiples motifs traités au prisme d’agendas militants. Selon les contextes, les essais nucléaires mobilisent des communautés ou individus qui défendent des enjeux locaux, tout en composant avec la dimension transnationale du mouvement contre la bombe. En fonction des cas, le nucléaire se pose comme un symbole militariste ou comme une résurgence de la domination coloniale. Plusieurs communautés militantes interagissent et nouent des liens grâce à des acteurs qui permettent de naviguer entre elles. Ces ‘passeurs’ agissent comme des ‘ponts locaux’, selon la formule du sociologue Mark Granovetter : ils construisent des ‘chemins courts’ entre des acteurs distants géographiquement, socialement ou culturellement, et les encouragent à travailler ensemble. Les passeurs seraient ainsi des tiers qui structurent les réseaux de militants, et leur permettent de faire circuler des idées et pratiques. Nous nous fixons sur les liens entre des militants d’Hexagone et de Polynésie, tout en prenant en compte des réseaux connexes. Des solidarités surprenantes apparaissent, à l’instar d’interactions entre des militants polynésiens et des paysans du Larzac, unis dans la lutte contre la militarisation de leur terre. Ils se rencontrent grâce à des avocats engagés qui agissent comme passeurs entre ces communautés. D’autres rapprochements semblent moins improbables, comme le développement d’un régionalisme océanien dénonçant le ‘colonialisme nucléaire’. Ainsi, l’organisation Nuclear Free and Independent Pacific se forme aux Fidji en 1975 - un pays qui devient un lieu de réseaux, antinucléaires mais également anticolonialistes.