Thèse soutenue

Utilisation du cuivre des Alpes méridionales à la Protohistoire (3500 - 450 BCE) : de la mine à l'objet

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Auteur / Autrice : Romain Bussone
Direction : Olivier LemercierPierre Camps
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : ARCHÉOLOGIE spécialité Préhistoire, Protohistoire Paléoenvironnement Méditerranée-Afrique
Date : Soutenance le 06/12/2023
Etablissement(s) : Montpellier 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Territoires, Temps, Sociétés et Développement (Montpellier ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Archéologie des sociétés méditerranéennes (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Dominique Garcia
Examinateurs / Examinatrices : Pierre-Yves Milcent, Florence Cattin, Franck Suméra
Rapporteurs / Rapporteuses : Pierre-Yves Milcent, Anne Lehoërff

Résumé

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L'utilisation du cuivre dans les Alpes méridionales au Néolithique est attestée par des représentations rupestres. Le cuivre de la mine de Saint-Véran, exploitée dès le IIIe millénaire BCE, a pu alimenter les productions régionales au Néolithique final. D'autres gisements, situés au Dôme de Barrot, livrent des indices d’activités minières anciennes, celui de Roua livre des vestiges d’extraction de cuivre natif à la Protohistoire. Dans le voisinage immédiat des mines, des résidus de métallurgie d’alliages cuivreux (déchets de fusion et de travail des métaux) et des fragments d’objets protohistoriques ont été découverts en dehors de tout contexte stratigraphique. Certains des objets présentent des similitudes typologiques avec ceux recensés sur les sites des vallées des Alpes méridionales datées du Ier millénaire BCE, comme les sépultures de l'Ubaye, de la Stura, et le sanctuaire de Tournerie en Tinée.L’objectif de l’étude est de vérifier l’hypothèse de l’utilisation d’un cuivre des Alpes méridionales pour la production d’objets protohistoriques.L'étude aborde l'ensemble des vestiges et des sites liés à la métallurgie du cuivre du Dôme de Barrot. Les mines de Roua ont fait l'objet d'une étude de terrain visant à documenter et à dater les creusements par le feu en utilisant la méthode archéomagnétique sur les parois chauffées. Le mobilier retrouvé à proximité des mines a fait l’objet d’études géochimiques (isotopes du plomb, du cuivre) pour tracer les provenances, et d’études techniques (MEB) pour replacer les artefacts dans la chaîne opératoire métallurgique et identifier les recettes d’alliages. Les résultats des analyses sur les métaux du Dôme de Barrot sont comparés à ceux obtenus sur le mobilier protohistorique des Alpes méridionales (sépultures de l’Ubaye, Tournerie) pour caractériser les productions régionales et tracer l’origine géologique du cuivre employé.L'application de l'archéomagnétisme pour dater les creusements par le feu néolithiques nécessitait la réalisation d'une étude de faisabilité. Aussi, les directions obtenues par l’analyse des parois creusées par le feu devaient être étalonnées avec des courbes régionales couvrant les différentes périodes de la Protohistoire. Pour ce faire, des données paléomagnétiques, provenant de spéléothèmes et de fouilles archéologiques, ont été utilisées pour modéliser les courbes directionnelles centrées sur les mines de Roua par une modélisation bayésienne. Les âges archéomagnétiques ont été confrontés à d'autres méthodes de datation (14C, OSL). L'ensemble des données fournit des âges d’extractions du cuivre compatibles avec le IVe millénaire et la première moitié du IIIe millénaire BCE.Les artefacts trouvés en contrebas des mines résultent du travail du formage d’objets en alliages cuivreux (cuivre, étain, parfois plomb). La découverte d’objets à base d’étain ou en plomb sont des indices qu’une activité métallurgique ancienne a pu s’appuyer sur l’extraction du cuivre local, cependant, ce point n’a pas été formellement démontré par les analyses géochimiques du fait du recyclage (mis en évidence par l’étude des déchets de travail) et par l’incorporation du plomb dans les recettes d’alliages. L’empreinte isotopique du cuivre du minerai natif de Roua se confond avec celles d’autres types de minéralisations (sulfures primaires). La combinaison de cette méthode avec d’autres analyses géochimiques (éléments traces, isotopes du plomb) pourrait être utilisée pour discriminer les mines des Alpes.Une correspondance entre les empreintes géochimiques d’un déchet de coulée et d’un bouton de l’âge du Fer est un indice de la présence d’une fonderie locale au cours du Ier millénaire BCE. Les empreintes isotopiques du plomb d’objets rattachés à un même horizon chronologique (fin de l’âge du Fer) mais attribués à différentes sphères culturelles sont similaires. C’est un indice de l’utilisation de cuivre d’une même source, qui peut être locale (Dôme de Barrot) ou importée (Méditerranée).