Thèse soutenue

Approche expérimentale et développementale de l’exclusion sociale en tant que victime et témoin : Les particularités de l’adolescence engendrent-elles des spécificités dans les réactions à l’exclusion sociale ?

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Auteur / Autrice : Justine Walter
Direction : Lionel BrunelMarine Buon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie cognitive
Date : Soutenance le 27/10/2023
Etablissement(s) : Montpellier 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Territoires, Temps, Sociétés et Développement (Montpellier ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Epsylon (Montpellier) - Dynamique des capacités humaines et des conduites de santé / EPSYLON
Jury : Président / Présidente : André Tricot
Examinateurs / Examinatrices : Violaine Kubiszewski
Rapporteur / Rapporteuse : Marie-Pierre Fayant, Mathieu Cassotti

Mots clés

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Résumé

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L’exclusion sociale, le fait d’être socialement tenu à l’écart, est un phénomène social complexe impliquant différents acteurs : un individu pris pour cible (i.e., une victime) par d’autres individus (i.e., sources ou agresseurs) et, très régulièrement, des observateurs (i.e., témoins ou spectateurs).L’ensemble des études empiriques et propositions théoriques des réactions à l’exclusion sociale à l’âge adulte suggèrent des conséquences négatives – comme une perturbation des performances cognitives ou de l’agressivité ; mais celles-ci semblent pouvoir être amoindries voire inversées s’il existe une opportunité d’affiliation dans l’environnement (par exemple, un individu « suffisamment amical »). De ce fait, les réactions des observateurs pourraient être décisives dans les conséquences de l’exclusion vécue sur la cible. À l’inverse, ces conséquences sont moins explorées à l’adolescence ; elles deviennent pourtant plus récurrentes, voire prédominantes. En outre, les spécificités du fonctionnement adolescent, tant au niveau social qu’au niveau neurocognitif, pourraient provoquer des conséquences plus négatives lorsqu’ils sont victimes, ainsi qu’une probabilité plus faible d’intervenir lorsqu’ils sont témoins, en comparaison à des adultes.Cette thèse vise à éclairer les potentielles spécificités des adolescents dans leurs réactions à l’exclusion sociale, vécue et observée, par rapport aux adultes, soit entre 12 et 25 ans. Le paradigme expérimental de la Cyberball a été utilisé pour recréer des situations d’exclusion sociale.Dans un premier axe de recherche, nous avons examiné les conséquences, entre adolescence et âge adulte, du vécu d’exclusion sur le contrôle cognitif, plus particulièrement sur l’inhibition (étude 1, tâche de Stroop) et l’inhibition de stimuli sociaux et socio-émotionnels (étude 2, tâche de Go/No-Go émotionnel) ainsi que le contrôle socio-cognitif en interaction avec autrui (i.e., tâche de Simon Jointe). Nos résultats suggèrent un impact différent de l’exclusion sociale en fonction du type de traitement à réaliser (cognitif, socio-émotionnel, socio-cognitif) et de l’âge des individus, et dans l’ensemble, des conséquences plus néfastes sur le fonctionnement des adolescents par rapport aux adultes.Dans un second axe de recherche, nous nous sommes focalisés sur les réactions d’observateurs d’exclusion entre adolescence et âge adulte, dans l’objectif de comprendre comment maximiser leurs interventions en faveur de la victime (i.e., comportements pro-victimes). En ce sens, nous avons manipulé la facilité avec laquelle l’individu peut se représenter la souffrance de la victime soit en faisant vivre une expérience similaire au préalable (étude 4) soit en intégrant des indices explicites de détresse de la victime d’exclusion sociale (étude 5). Les résultats suggèrent que i) vivre une exclusion sociale ne favorise pas les comportements pro-victimes, à l’inverse ils étaient moindres quel que soit l’âge alors que ii) les indices de détresse d’une victime ont semblé promouvoir les comportements pro-victimes des observateurs.Dans l’ensemble, les travaux réalisés dans le cadre de cette thèse suggèrent que les réactions à l’exclusion sociale, vécue et observée, diffèrent entre l’adolescence et l’âge adulte. L’ensemble de ces résultats sera discuté au regard des modèles de l’adolescence et de l’exclusion sociale, révélant leurs limites explicatives. Nous aborderons l’ébauche d’un modèle intégratif et dynamique des réactions à l’exclusion sociale résoudre les contradictions actuelles qui permettrait de rendre compte d’un ensemble de données actuellement contradictoires dans ce travail et dans la littérature.